• Synopsis : Une famille de femmes que la vie a souvent bousculée mais qui est parvenue avec le temps à apprivoiser les tumultes. Les hommes ont peu de place dans cette vie et naturellement quand l'une d'entre elle tombe amoureuse tout vacille. L'équilibre est à redéfinir et tout le monde s'y emploie tant bien que mal. Mais le destin ne les laissera souffler que peu de temps avant d'imposer une autre réalité. La famille devra alors tout réapprendre.

    De Mélanie Laurent avec Marie Denarnaud, Denis Ménochet, Mélanie Laurent, Audrey Lamy et Clémentine Célarié

    Nouveauté

    Mélanie Laurent est touchée par la grâce réussissant conjointement sa carrière d'actrice, de chanteuse (album sublime écrit en collaboration avec Damien Rice, sa voix brisée fait des merveilles) et désormais de réalisatrice (sur qui il va falloir compter) avec ce film d'une extrême et poignante beauté, au scénario abouti et inattendu, dont la photographie est exceptionnelle et la réalisation minutieuse et soignée.

    J'ai rarement vu une telle qualité d'image - et de mise en images - aussi travaillée, léchée ... réellement stupéfiante et fascinante. La jeune réalisatrice, qui signe ici son premier long métrage (après quelques courts remarqués), joue beaucoup avec les couleurs, les tonalités, les camaïeus, les transparences, les floutées, les superpositions, les parallélismes, les ralentis, les perspectives, les profondeurs, les champs et contre-champs, les premiers et seconds plans. On a par instants l'impression fugace - dans la première partie du film surtout - que l'image se met en mouvement dans des encadrements vaporeux qui vous baignent dans une ouate réconfortante et rassurante (toutes les séquences avec l'enfant, ou celles entre les deux amants).

    Avec les nuances, les lumières, les rayonnements du soleil, elle enrichit indubitablement son récit. Comme si une boule à facettes illuminait chaque plan, miroitait sur les visages, éclairait les expressions, les regards.

    Découpé en trois portraits distincts mais pourtant entremêlés, le film se déroule avec fluidité, démarre doucement puis prend peu à peu de l'épaisseur et de la consistance, dans un élan émotionnel qui vous claque dans le coeur. Il vous capte, vous capture, vous captive, par sa magie et sa poésie.

    Tous les sens sont mis en éveil : l'ouie par la sensualité de la voix de Mélanie Laurent, la vue qui se régale de la vision des jolies choses, le toucher car on pourrait presque sentir leurs peaux et le velouté de leurs silhouettes sous nos doigts, l'odorat à sentir et ressentir les parfums de l'enfance et des liens maternels et sororaux, le goût des saveurs qui s'exhalent de l'écran ... Mélanie Laurent a le don de vous envelopper dans un cocon parfois de douceur, parfois de douleur, vous faisant flancher et perdre les (l)armes car y mettant tout son coeur, sa sincérité, sa générosité, son hyper sensibilité.

    C'est avant toute chose un film beau à voir, à l'esthétisme épuré, rare et recherché, triste mais aussi rempli d'espoir, de réflexions sur l'essentiel.

    J'ai ri (la scène du restaurant ...), j'ai pleuré (la scène à la station service, la scène où chacun cherche avec difficulté ses propres mots pour expliquer la mort au petit garçon), j'ai été touchée, émue. On passe du sourire, au fou rire, aux flots de larmes.

    Marie Denarnaud n'en est pas à son coup d'essai mais elle explose ici littéralement l'écran par sa beauté naturelle et tranquille. Denis Ménochet, que je ne connaissais que de nom, est poignant. Clémentine Célarié est touchante. Le gamin est absolument adorable et craquant. Mélanie Laurent s'offre un rôle de tout premier plan mais avec une vraie retenue qui ne peut que troubler.

    Elle sait surtout choisir ses mots, placer ses silences et ses non-dits, orienter sa caméra, cadrer, accorder ses lumières, diriger ses acteurs.

    Un petit chef d'oeuvre auréolé d'une aura magique, diaphane, qui se clôt sur la voix de Syd Matters ...

    A vous scotcher dans votre fauteuil jusqu'au tout dernier mot pour mieux apprécier la chanson et les tenants et aboutissants de ce drame puissant et intense dans lequel Mélanie Laurent y transpose une émotivité rare et précieuse, une délicatesse et une pudeur bouleversantes.

    A travers ce film (exercice de style ?), très personnel sans toutefois être auto-biographique, c'est le goût de vivre et de survivre qu'on adopte.

    Définitivement.


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  • Synopsis : Un flic dérobe un gros sac de cocaïne à des trafiquants, mais il est identifié au cours de l’opération. Les truands prennent alors son fils en otage. Vincent doit faire l’échange - son fils contre le sac - dans une immense boîte de nuit tenue par les mafieux. La nuit qui commence sera la plus longue de sa vie et peut-être même la dernière.

    Avec Tomer Sisley, Julien Boisselier et Joeystarr

    Nouveauté

    Nuit blanche n’est pas sans rappeler le récent A bout portant de Fred Cavayé et s’inscrit naturellement dans la nouvelle lignée des bons films d’action français, au scénario parfois un peu bancal et approximatif mais à la réalisation nerveuse et soignée, qui dégage une vraie dynamique et donne une bonne dose d’adrénaline.

    L’intérêt majeur du film réside dans sa conception et sa construction, respectant, comme au théâtre, l’unité de temps, d’espace et d’action.

    Se déroulant quasi exclusivement en une nuit au sein d’une discothèque, on a l’impression que la réalisation se calque parfaitement sur le rythme de la musique omniprésente (parfois trop, elle en devient presque agaçante par moments), entraînant les spectateurs dans une sorte de spirale infernale d'un huis-clos oppressant concomitamment avec ses personnages.

    Frédéric Jardin nous promène dans un dédale labyrinthique d’une boîte de nuit étonnamment immense et ce sans pause, sans arrêt, sans répit, nous balade au cœur de l’action tonitruante, tumultueuse, trépidante, violente … ça tape, fort, ça castagne, à tour de bras, ça gueule, beaucoup … mais la nervosité de la caméra (beaucoup de prises de vue à l’épaule), ses placements, ses cadrages parfois hyper serrés (on pourrait presque compter les points noirs de Tomer Sisley !!) nous enivre d’une griserie étourdissante.

    Certaines scènes sont vraiment très bien filmées (la bagarre dans la cuisine), inventives et surprenantes.

    Par contre, l’intrigue en elle-même n’est pas des plus originales, a contrario d’un style véritablement très marqué – et remarquable,  pour même se terminer un peu en queue de poisson sans épilogue ni réelle conclusion, et le scénario, confus et complexe, bourré d’invraisemblances et d’incohérences (faudra m’expliquer comment un gosse de 13 ans peut conduire une voiture aussi bien sans avoir accès ni aux pédales ni au levier de vitesse !!!!), manque par ailleurs d’un vrai souffle, lui, oubliant d’étoffer les personnages secondaires, d’épaissir le dialogue, et accentuant malheureusement certains clichés inévitables (la fliquette blondasse accumule les conneries !!).

    Toutefois, Tomer Sisley assure et Julien Boisselier, glacial à souhait, excelle. Les seconds rôles Joeystarr, Laurent Stocker et Lizzie Brocheré sont sous-exploités et c’est dommage car ils sont bons. Quant au petit Samy Seghir, il s’avère peu crédible en fils de Tomer Sisley, ce qui fait qu’on a un peu de mal à s’attacher à son personnage et aux relations filiales entre les deux … le film en perd fatalement de son intensité émotionnelle qui devrait pourtant en être le point d’orgue puisque le pivot central de l’histoire !

    Un thriller atypique, plein de suspense et de rebondissements, magnifiquement filmé et réalisé, diablement efficace et hyper musclé mais qui aurait cependant mérité une écriture un peu plus subtile et élaborée.

    En tout cas, on en ressort saoulés, épuisés et cassés en deux, à l’instar des personnages, comme après une vraie nuit blanche … !!


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  • Synopsis : Une pandémie dévastatrice explose à l’échelle du globe… Au Centre de Prévention et de Contrôle des Maladies, des équipes se mobilisent pour tenter de décrypter le génome du mystérieux virus, qui ne cesse de muter. Le Sous-Directeur Cheever, confronté à un vent de panique collective, est obligé d’exposer la vie d’une jeune et courageuse doctoresse. Tandis que les grands groupes pharmaceutiques se livrent une bataille acharnée pour la mise au point d’un vaccin, le Dr. Leonora Orantes, de l’OMS, s’efforce de remonter aux sources du fléau. Les cas mortels se multiplient, jusqu’à mettre en péril les fondements de la société, et un blogueur militant suscite une panique aussi dangereuse que le virus en déclarant qu’on "cache la vérité" à la population…

    De Steven Soderbergh avec Jude Law, Marion Cotillard, Gwyneth Paltrow, Kate Winslet, Matt Damon, Laurence Fishburne

    Sortie le 9 novembre 2011

    On se demande ce qui a bien pu passé par la tête de Steven Soderbergh ... on a la sale impression que son seul objectif était de réunir une pléiade de stars qui se volent la vedette pour ensuite, et seulement ensuite, pondre un semblant de scénario (un prétexte ??) qui ne ressemble à rien, si ce n'est qu'à une succession de clichés et de poncifs, d'incohérences et d'absurdités, doublé qui plus est d'un montage abrupt et de dialogues lamentables voire exaspérants, débités sur un ton limite récitatif (est-ce le doublage qui donne cette mauvaise impression ?)

    Après un flamboyant premier quart d'heure, la promesse d'être plongé au cœur d'un bon thriller d'anticipation s'amenuise de seconde en seconde au fur et à mesure où se déroule laborieusement l'intrigue qui s'enlise et s'empêtre, même pas réhaussée d'une réalisation digne de ce nom.

    Il n'y a aucune action, nul suspense, pas de rebondissement, zéro surprise ... c'est trainard, long et déprimant ... le style pseudo-documentaire extrêmement et minutieusement réaliste est ici vite lassant. Les histoires des uns et des autres n'ont pas vraiment de lien entre elles, beaucoup débutent sans être finies ou s'ouvrent sur certaines possibilités dont on ne voit pas le but ni le bout.

    Steven Soderbergh a juste oublié d'écrire son film, d'y insuffler de la simplicité et de la fluidité, un minimum de dynamisme pour captiver le spectateur, ainsi que quelques bases réalistiques élémentaires. Il avait mille façons de traiter le sujet, il a choisi la moins bonne, même s'il en fait le tour ... mais n'y apporte aucun oeil neuf ni intérêt quelconque ...

    Les stars ne suffisent pas, malgré l'excellence de leur interprétation, Jude Law et Marion Cotillard en tête qui sont juste égaux à eux-mêmes, c'est-à-dire parfaits ... malheureusement, le film est pénible et pesant, on dirait que Soderbergh l'a réalisé sous Lexomil !

    Il a, à mon humble avis, pété plus haut que son cul, et le résultat est loin d'être à la hauteur de ses ambitions, j'irais même jusqu'à dire que je le trouve bien pompeux et chiant.

    Même pas peur .......

    Mention spéciale toutefois pour la musique de Cliff Martinez bonne et bien placée ...

    Mais ouf, qu'on est content quand le générique de fin arrive enfin !!

    Quelle déception ...


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  • Synopsis : A la suite d’un accident de parapente, Philippe, riche aristocrate devenu tétraplégique, engage comme aide à domicile Driss, un jeune de banlieue tout juste sorti de prison.

    De Eric Toledano et Olivier Nakache avec François Cluzet et Omar Sy

    Nouveauté

    L'affiche, la bande annonce, la signature, l'excellent bouche-à-oreille et le million d'entrées au bout de quatre jours d'exploitation m'ont décidée à aller voir cette comédie en ce dimanche après-midi pluvieux.

    Olivier Nakache (le frère de Géraldine ... une famille en or ... après l’énorme succès de Tout ce qui brille... !!!!) et Eric Toledano signent leur quatrième film en s'inspirant d'une histoire vraie et la transposant à l'écran avec une intelligence rare et surtout beaucoup de sensibilité.

    Ils font cohabiter deux êtres totalement perdus, l'un physiquement, l'autre socialement, l'un très riche, l'autre très pauvre, avec une classe folle et beaucoup de raffinement dans l'écriture, en évitant habilement les clichés habituels (pourtant c'était à deux doigts, opposant le blanc riche aristocrate et le noir pauvre des cités). Eric Toledano nous offre surtout des dialogues absolument divins et jouissifs, d'une drôlerie sans commune mesure, savoureusement irrévérencieux et subversifs, qui m'ont fait hurler de rire toutes les cinq minutes.

    Car desservi surtout par un duo d'acteurs réellement exceptionnels (tous deux césarisables ?? je pense que oui ...). Le film n'aurait pas été aussi réussi sans ces deux monstres du cinéma français. Bien qu'Omar Sy soit encore un "débutant", il en impose par sa carrure, son envergure de jeu, son rire communicatif, sa tchatche, son style si personnel ... une vraie alchimie s'installe avec François Cluzet qui nous délivre une incroyable prestation car il n'est pas simple de faire passer les émotions par les seules expressions faciales ... il est un de mes acteurs français préférés et ce n'est pas pour rien, c'est un géant ... et c'est l'antinomie permanente entre les deux personnages et leur univers respectif qui constitue le pivot central du film et qui lui donne son pouvoir comique.

    Alors certes la réalisation n'est pas époustouflante (quoique certains plans et prises de vue - surtout au début du film - sont très soignés) et le montage est parfois un peu surprenant, certaines scènes venant se greffer bizarrement sans cohésion ni fluidité mais elles sont tellement drôles qu'on en oublie qu'elles pourraient être incongrues ou superflues pour même, pourquoi pas, devenir cultes (la scène de l'opéra ...) ... et à y réfléchir, sans n'avoir vraiment de sens, elles étoffent subtilement l'étrange et sincère amitié entre les deux hommes qui évolue vers une relation quasi filiale que ce soit dans le rapport Philippe/Driss que dans celui François/Omar (la complicité des deux acteurs transparaît à l'écran).

    Le sujet était casse-gueule, voire tabou (le handicap est rarement évoqué au cinéma) et pas facile à aborder avec une telle délicatesse et sans aucun pathos. Pour avoir rencontré Philippe Pozzo di Borgo, Olivier Nakache, Eric Toledano et François Cluzet (qui a attentivement étudié avec lui les attitudes à adopter pour reproduire au mieux les façons de s'exprimer, de bouger, de regarder, de sourire ... afin d'y imprimer une crédibilité poignante ...) lui donnent corps (et je pèse mes mots car le rapport au corps est ici bien malmené ...) et une réelle intensité dramatique contrecarrée par la dérision permanente qui fleurit toutes les deux répliques.

    J'irais même jusqu'à dire que les deux réalisateurs mettent une vraie finesse dans un film fort qui s'avère être une vraie leçon de vie, profondément humain, plein de gaieté et de bonne humeur, de tendresse et de jolies choses, et de l'avoir traité par le biais de la comédie lui octroie justement encore plus d'émotion et de poésie.

    Intouchables, les héros le sont, pas les spectateurs qui en sortiront troublés et interloqués par la toute dernière image. En tout cas, la salle comble était comblée et beaucoup d'applaudissements ont conclu la séance (fait suffisamment rare pour être souligné) (et la séance suivante affichait également "complet" ...).

    Intouchables est un film jubilatoire, hilarant, bouleversant, indispensable, incontournable et immanquable.

     

     

    (ps : je trouve que cet automne 2011 nous propose beaucoup d'excellents films français qui damnent le pion aux blockbusters américains ... même si Les aventures de Tintin truste la première place du box-office, en toute logique, Polisse, The Artist, Un monstre à Paris et Intouchables réalisent de très bons scores au-delà du million de spectateurs)


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