• CLOCLO

    Synopsis : Cloclo, c’est le destin tragique d’une icône de la chanson française décédée à l’âge de 39 ans, qui plus de trente ans après sa disparition continue de fasciner. Star adulée et business man, bête de scène et pro du marketing avant l’heure, machine à tubes et patron de presse, mais aussi père de famille et homme à femmes…

    De Florent Emilio Siri avec Jérémie Renier, Benoît Magimel, Monica Scattini, Sabrina Seyvecou, Joséphine Japy et Ana Girardot

    Nouveauté

    L'idée de base de ce projet remonte à l'an 1999 et Jérémie Renier était déjà pressenti pour le rôle. Les deux fils du chanteur sont ici directement impliqués puisque producteurs, même s'ils étaient un peu réticents à l'idée que certaines anecdotes préjudiciables allaient y être évoquées (le malaise simulé lors d'un concert, le fils dissimulé, sa maniaquerie obsessionnelle qui lui aura été fatale ...) et que la face cachée de l'idole allait être dévoilée.

    Donc, loin d'être une hagiographie ou une compilation de ses succès, ce biopic, fidèle dans les reconstitutions, présente le portrait sans concession ni complaisance d'un homme en quête éperdue d'amour, expliquée sans nul doute par le rejet paternel. Il vivra toute sa vie avec cette rancœur ancrée en lui et son parcours artistique ne sera qu'une façon d'exorciser cette douleur, dans la recherche permanente d'un inaccessible bonheur et de la reconnaissance de son père/ses pairs ...

    J'avais très envie, à travers cette œuvre, de découvrir l'homme derrière l'artiste, le côté sombre et la complexité du personnage, de l'appréhender différemment, de comprendre ses tourments, ainsi que de retrouver ce chanteur populaire, emblématique de toute une époque, qui a bercé mon enfance et adolescence (par ses nombreuses apparitions télévisuelles - ah les émissions cultes des Carpentier ou Drucker ... !!), devenu désormais mythique et incontournable, pour en avoir une tout autre vision.

    Très classique dans sa forme et sa construction (parcours de la naissance (même avant !!) et jusqu'à sa mort (même après !!) englobé entre deux images marquantes, juxtaposition d'images d'archives (vraies ou fausses ... !!??) ou d'un style documentaire pour crédibiliser la biographie, la chanson ad hoc posée sur l'image ou la séquence correspondante ... bref autant de facilités pour alimenter l'histoire), le film s'avère exceptionnel au niveau de la réalisation, du scénario et surtout, bien sûr, de l'interprétation de TOUS les acteurs, Jérémie Renier en tête bien sûr, mais il ne faut pas oublier les autres qui délivrent tous des partitions parfaites.

    Florent Emilio Siri est un réalisateur inspiré. Maniant adroitement son image à la lumière quasi mystique, faisant virevolter sa caméra qui ne lâche jamais son héros (les scènes de concerts sont fabuleuses), filmant les expressions au plus près, trouvant des angles d'attaque inventifs ou osant de longs plans séquence, il maîtrise totalement son métrage de la première à la toute dernière image, malgré le fait qu'à mon sens il reste un peu en surface, comme s'il était simple spectateur de son film qui n'est qu'une succession de faits avérés, comme écrasé par le poids de son héros et de son sujet, et qu'il oubliait par là-même d'y mettre sa petite touche personnelle et un soupçon de fantaisie qui n'aurait pas nui à l'ensemble (le récit est un peu trop linéaire).

    Toutefois il évoque très habilement tout à la fois les immenses qualités de l'artiste qui était un bosseur acharné, visionnaire et hyper moderne, précurseur et opportuniste, sachant se renouveler et rebondir (dans tous les sens du terme !!), un danseur doué, un chanteur talentueux (même si je n'ai jamais été séduite par son timbre, il faut avouer qu'il savait placer sa voix et reconnaître que chanter en dansant d'une façon aussi trépidante était déjà en soi un véritable exploit) et même un homme d'affaire émérite mais également, écornant son image et proposant une peinture peu flatteuse, les aspects méconnus de l'homme, ses doutes et ses failles, ses côtés maniaco-dépressif, perfectionniste, tyrannique, jaloux, possessif, narcissique, ses relations conflictuelles avec les uns, fusionnelles avec les autres, voire malsaines avec ses fans ...

    Il revient aussi sur la très intéressante genèse de certaines chansons (la scène présentant la naissance de Comme d'habitude est d'une pure émotion (il l'a écrite dans la tristesse de la séparation d'avec France Gall, même s'il lorgnait déjà sur la belle Isabelle), émotion qui ne m'a d'ailleurs pas quittée jusqu'à la fin), les furtives rencontres avec Franck Sinatra (Robert Knepper (le méchant de la série Prison Break) est LA curiosité de ce casting, même s'il ne fait que deux brèves apparitions !!), les hystéries collectives que le chanteur déclenchait plus ou moins, mais plutôt plus que moins, volontairement à chaque apparition publique (même pour faire 200 mètres il prenait sa voiture pour ne pas marcher dans la rue comme un piéton lambda accessible et abordable !!, en fin de concert il ôtait ses chemises pleines de sueur pour les jeter au public ou encore se lançait à corps perdu dans la fosse, au grand désespoir des gardes du corps mais pour le plus grand plaisir de ses fans qui hurlaient son pseudo à gorge déployée !!) ...

    S'appuyant sur un scénario et des dialogues réellement subtils et intelligents écrit par l'excellent Julien Rappeneau sous les conseils avisés de Fabien Lecoeuvre qui a bien connu Claude François, le cinéaste s'attarde sur ses périodes de vie marquantes tout en expliquant les ellipses inévitables en une seule réplique ou image. Car il n'était certes pas chose aisée de résumer 40 ans de vie en 2 h 30 de film (qu'on ne voit pas passer), il fallait donc trouver une astuce pour lier le tout, faire des choix - ils sont ici judicieux - même si l'on aurait aimé en savoir encore plus ... !!

    Il a eu surtout l'idée géniale de choisir Jérémie Renier pour ce rôle qui lui était prédestiné. L'acteur est troublant, bluffant. Criant de vérité. Tant dans la transformation purement physique (une ressemblance naturelle alliée à deux heures de maquillage par jour, la métamorphose est saisissante, il reproduit parfaitement les gestuelles, les attitudes, les mimiques ...) que dans la performance. On sait que les biopics sont en général exhaussés par leur acteur principal, souvent d'ailleurs portés aux nues et jouant dans la course aux récompenses (voir tout récemment Meryl Streep oscarisée pour sa prestation dans La dame de fer ou il y a quelques années le triomphe de Marion Cotillard dans sa fabuleuse interprétation d'Edith Piaf, etc.), je pense qu'ici tel est le cas.

    Car on ne peut imaginer autre acteur dans ce rôle, en deux secondes on oublie Jérémie Renier, on ne voit que Claude François, l'acteur s'y est longuement préparé (cinq mois d'entraînement intensif pour être crédible dans les séquences dansées et chantées), et ça se ressent à chaque plan, et se glisse dans le(s) costume(s) avec une aisance déconcertante. Il est exceptionnel, littéralement habité.

    Mais là où le film tire aussi sa force c'est que tous les rôles secondaires sont à la hauteur, tant dans les nuances de jeu que dans l'homologie. Ana Girardot (la fille de Hyppolite ... et non la petite fille d'Annie ..) est magnifique, Joséphine Japy charmante, Sabrina Seveycou superbe, et Benoît Magimel est méconnaissable. Quant à Monica Scattini dans le rôle de Chouffa, elle est tout bonnement extraordinaire.

    Rien que pour les admirables prestations de chacun, il faut voir ce biopic authentique et passionnant, très complet, très dense et très documenté, rythmé par les titres les plus connus du chanteur (sans non plus noyer le film), même s'il tombe un peu dans le pathos à la fin, Florent Emilio Siri aurait pu avoir l'audace de conclure son film par une pirouette originale (toutes les scènes au cimetière avec les proches en deuil et en pleurs étaient-elles bien nécessaires ?) ...

    Mais il en émane une telle magie, il est si prenant et poignant (on touche ici à l'humain derrière le mythe) ... on oscille en permanence entre l'antipathie et la sympathie pour cet homme blessé et blessant, cet artiste exceptionnel.

    Je vous enjoins vivement à aller voir ce film immanquable (la bande annonce m'avait déjà foutu les frissons, je les ai retrouvés intacts, surtout sur la deuxième partie), même si j'y apporte quelques légers bémols qui m'empêchent de le classer au rang de chef d’œuvre, mais il est assez représentatif de ce que l'on peut attendre d'un tel biopic. Même si vous n'êtes pas fan, comme moi, vous ne pourrez pas rester indifférent, serez forcément émus et retrouverez avec nostalgie ses plus grands succès.


  • Commentaires

    1
    mokette
    Dimanche 25 Mars 2012 à 20:49
    Cloclo Forever
    je viens de le voir, effectivement c\'est vraiment un bon film, superbe jérémie rénier ! dommage, j\'aimais bien son dernier tube, alexandrie alexandra !
    2
    Jeudi 10 Mai 2012 à 11:10
    très intéressant
    A ne pas manquer ce biopic de Cloclo pour ceux qui veulent connaître sa vie en dehors de ses chansons. Ça m'intéresse et c'est triste qu'une célébrité quitte trop tôt ce monde, à seulement 39 ans.
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