• LES INFIDELES

    Synopsis : L’infidélité masculine et ses nombreuses variations, vues par 7 réalisateurs.

    Sur une idée de Jean Dujardin

    De Fred Cavayé (Prologue), Michel Hazanavicius (Le séminaire), Eric Lartigau (Lolita), Emmanuelle Bercot (La question), Alexandre Courtes (Les infidèles anonymes), Jean Dujardin et Gilles Lellouche (Las Vegas)

    Avec Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Alexandra Lamy, Géraldine Nakache, Manu Payet, Mathilda May, Guillaume Canet ...

    Nouveauté

    Les Infidèles ou l'antithèse de The Artist.

    Jean Dujardin peut désormais s'offrir le luxe de financer des projets à risque. Après s'être frotté avec le triomphe mondial que l'on connait à un film muet en noir et blanc, il remet "le curseur à zéro" et change complètement de registre avec cette œuvre déroutante et singulière.

    Sous le format plus qu'original et peu utilisé en France du "film à sketches" (quoique j'ai du mal à parler ici de sketches, terme pour moi qui a une connotation comique, je parlerais davantage de courts-métrages), Jean Dujardin et Gilles Lellouche déclinent l'infidélité sous toutes ses formes, de la manière la plus exhaustive possible, en piquant çà et là dans les perversions les plus viles des hommes dans toute leur splendeur / horreur ... !!!

    Et on ne peut rester indifférent et neutre : on adore ou on déteste. Pourtant, comme le souligne Dujardin, on est ici, grâce justement à la multiplicité des styles dans un seul et même film, dans une "dramédie", un hybride entre la comédie et la tragédie.

    Moi j'ai adoré ... dès le prologue, d'entrée ma machoire s'est décrochée (mon Dieu qu'il est craquant) puis j'ai hurlé de rire. Le duo inénarrable des deux compères est détonnant, terminant le premier court métrage sur une partie de jambes en l'air à quatre : le ton est donné, c'est cru, gras, trash mais hilarant. Ils cabotinent, ils sont puants d'orgueil, ils sont machistes, ils sont abominablement lâches, ils sont odieux mais ils sont tellement drôles ... et beaux ... beaux et drôles ... mais je pense qu'il faut être fan inconditionnelle pour leur passer quelques vulgarités qu'ils auraient pu éviter, c'est toutefois graveleux, licencieux et quelque peu trivial (il y a un avertissement, ce n'est certes pas à mettre entre tous les yeux). Mais c'est tellement subversif, outrecuidant, sarcastique, ironique, grinçant qu'on leur pardonne aisément ces errements (en même temps, comment traiter de l'infidélité sans y mettre, osons le dire, du cul !!?? je pense le spectateur assez sensé pour s'en douter considérant le thème, les affiches et le pitch).

    Vous me direz que je ne suis pas objective : je vous l'accorde. Je suis archifan des deux. Je le resterai.

    La constante est assurée par le "couple" Dujardin - Lellouche qui se sont pété un gros délire de dingue en interprétant des personnages tout à fait différents d'un sketch à l'autre. Les deux acteurs jouent les cons et les salauds avec brio et conviction ... (dans le Séminaire, Jean est réellement sensationnel et donne la réplique à une Isabelle Nanty juste parfaite).

    Alors oui, les courts-métrages sont de qualité inégale mais ils sont soit bons, soit très bons, soit très très bons, entrecoupés par des pastilles d'une ou deux minutes irrésistibles dans lesquelles on aperçoit Guillaume Canet, excellent en bourgeois fayot au brushing impeccable, ou encore Manu Payet, entre autres, qu'on retrouvera dans Les Infidèles Anonymes animé par une Sandrine Kiberlain inattendue et incroyable.

    Du Séminaire qui présente un pauvre type qui veut à tout prix "se faire une nana", à Lolita où un autre pauvre type pathétique s'humilie pour une petite jeunette, à La Question (qui peut en susciter beaucoup ...) admirablement dialogué, superbement filmé par Emmanuelle Bercot et interprété par le couple Jean Dujardin / Alexandra Lamy, tellement maîtrisé qu'on a l'impression de rentrer dans leur propre intimité, se clôturant sur leurs visages graves et sur un regard d'une intensité troublante (Alexandra Lamy m'a bouleversée elle est sublimissime et dispose d'une vitesse de jeu hallucinante - dixit son mari mais je confirme, j'aimerais sincèrement qu'elle soit enfin reconnue à sa juste valeur et non en tant que l'éternelle Chouchou ou femme de ... !! - par ailleurs, je défie quiconque de résister au charme fou de Jean dans ce court-métrage surtout au début ... il est juste à tomber par terre), aux Infidèles Anonymes à hurler de rire pour se terminer par le très déjanté Las Vegas, il y a matière à verser des larmes.

    Des larmes d'émotion sur Lolita tant le personnage est touchant ou encore sur La Question qui vous noue le ventre et vous prend aux tripes aux larmes de rire sur Le Séminaire (bon sang il est vraiment pitoyable) ou sur la fin de Las Vegas qui part vraiment dans du grand n'importe quoi et qui fait beaucoup de "des gars" ... !!!! (un petit jeu de mots pour le plaisir) ...

    La comédie est tellement surprenante, jubilatoire et audacieuse qu'elle en est très réussie, proposant surtout une montée en puissance jusqu'au point d'orgue sur La Question qui tombe dans le drame intimiste poignant. On en ressent un malaise profond qui vous bouffe à l'intérieur et il fallait le placer judicieusement avant un sketch drôle pour alléger la gêne alors ressentie.

    C'est du lourd, du très lourd, c'est complètement fou, c'est magnifiquement écrit, c'est finalement assez cruel et cynique, ça ridiculise surtout la gent masculine, n'est pas du tout mysogine comme d'aucuns pourraient le croire, bien au contraire, et s'avère somme toute assez moralisateur. Et puis la fin est tellement .... énorme !!!!! j'en ris encore mon Dieu ... énorme ... !!! dont une des répliques risque de devenir ... culte ... !! Sans oublier bien entendu de rester pour l'ultime scène ...

    Jean Dujardin se met à nu - c'est le moins que l'on puisse dire !!! - casse son image et ose avec tout le talent qu'on lui connaît, s'accoquine qui plus est avec un autre acteur de poids qui prend une vraie épaisseur tant il a perfectionné ses nuances de jeu (leur complicité dans la vie se ressent à l'écran). Il égratigne surtout avec intelligence le vernis du mâle, manie le sens de la dérision et de l'auto-dérision avec dextérité, n'oublie jamais de se servir de l'humour pour cacher ses faiblesses ou sa pudeur, utilise le second degré et l'ironie à bon escient, s'offre une vraie liberté de ton et d'esprit, étoffe son propos pour lui donner davantage d'efficacité (plus la caricature est chargée mieux elle provoque) se diversifie (il écrit, il joue, il réalise, il produit) avec génie et propose ici un véritable plaidoyer pour la fidélité (je vous assure qu'après ça les mecs vous ne considérerez plus vos femmes de la même manière et il serait intéressant même d'aller le voir en couple). Il sait tellement tout faire et le faire bien qu'il en devient agaçant !! D'où les critiques méchantes et acerbes que j'ai pu lire ça et là, d'où les jalousies idiotes ... alors que le box-office les dément (les premiers chiffres sont prometteurs et augurent d'un succès (le film a déjà été acheté par Harvey Weinstein, l'instigateur de l'incroyable parcours de The Artist aux Etats-Unis) ... oubliée la polémique stupide sur les affiches, oublié le Jean Dujardin sans voix, il surfe ici sur la vague et il a bien raison ma foi ...).

    Dans le dernier numéro de Première, les deux acteurs ont accordé une interview croisée très intéressante. Je vous conseille de la lire. Vous comprendrez mieux leurs motivations, leurs interrogations, leurs doutes mais vous ne pourrez que les aimer à travers leurs propos pertinents et lucides.

    En tout cas, moi, à ce cinéma là, je dis oui, oui, oui et encore oui, j'en veux encore ... et j'y retournerai ... !! parce que se piquer des fous rires irrépressibles devant la toile, c'est inestimable.

    Jean, si tu me lis : je t'aime ...


  • Commentaires

    1
    mokette
    Samedi 10 Mars 2012 à 20:33
    Bien sympa
    moi aussi j'ai bien aimé, je ne comprend pas ceux qui voient dans ce film, l'apologie de l'infidélité masculine, moi j'ai vu complètement l'inverse, ils prennent leurs pieds sur l'instant, mais après...c'est bien l'après que ce film montre !
    2
    Lara
    Samedi 10 Mars 2012 à 20:42
    tout à fait
    tout à fait, le film présente davantage les conséquences que les causes ...
    3
    Vendredi 11 Mai 2012 à 14:27
    belle ascension
    Si on a toujours vu Dujardin sur le grand écran, dans ce court-métrage, il est en même temps devant et derrière. Selon vos dires, c'est sûr que son scénario est une pure réussite.
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