• MA PART DU GATEAU

    Synopsis : France, ouvrière, vit dans le nord de la France, à Dunkerque avec ses trois filles. Son ancienne usine a fermé et tous ses collègues se retrouvent comme elle au chômage. Elle décide de partir à Paris pour trouver un nouveau travail. Elle va trouver un stage pour devenir femme de ménage. Assez rapidement, elle se fait engager chez un homme qui vit dans un univers radicalement différent du sien. Cet homme, Steve est un trader qui a réussi, il travaille entre la City de Londres et le quartier de la Défense à Paris.


    De Cédric Klapisch avec Gilles Lellouche, Karin Viard et Audrey Lamy                                                 

       Nouveauté


    Mais que dire devant CA ?? parfois je n'ai pas de mot pour décrire une nullité mais parfois je n'en ai pas pour décrire un chef d'oeuvre.

    Ici c'est le cas. Une grande claque qui prend de plus en plus d'ampleur avec le recul et en y réfléchissant à deux fois.

    C'est un film d'un réalisme et d'une justesse incroyables, jonglant entre drôlerie et tristesse, bonheur et souffrance, famille et solitude.

    Cédric Klapisch nous délivre avec une intelligence extrême un scénario dont l'écriture est totalement maîtrisée de bout en bout, nous présentant le portrait de deux êtres (après s'être tourné vers les films "choral" il centre ici son propos autour de seulement deux personnages) que tout oppose et opposés en tous points, tant dans leur façon d'être et de vivre que dans leurs valeurs et principes.

    Deux êtres qui vont finalement se trouver et s'apprivoiser.

    Klapisch maîtrise aussi sa caméra, filme les quais, les rues, les visages avec une vraie lumière, une belle sensibilité, les harmonisant avec une musique magnifique et des chansons additionnelles sublimes, agrémente son drame de scènes drôles et piquantes (Karin Viard qui chante à tue-tête en repassant, s'amusant au supermarché avec ses filles), dialogue son histoire de répliques justes et directes. Il nous égare souvent dans le déroulement de l'intrigue nous amenant sur des chemins de traverse, nous laissant penser que ... pour finalement changer de direction, déroutant et troublant.

    N'ayant pas beaucoup de notions en matière de finance, il a enquêté de façon pointue sur le sujet avant d'écrire le scénario de son film. Il a ainsi lu des livres et des articles, a rencontré plusieurs traders et ouvriers. En comparant les différents points de vue des principaux concernés, le cinéaste a ainsi tenté d'ancrer au maximum sa fiction dans la réalité. Il sait donc de quoi il parle pour s'être documenté, demandant également à ses deux acteurs de s'immerger pour mieux cerner leur milieu social respectif. Le résultat en est époustouflant, d'un cruel réalisme.

    L'image accentue les effets, riche en couleurs, foisonnante et gaie dans le monde de Karin Viard, à l'inverse elle est terne, sobre, grise et froide dans le monde de Gilles Lellouche.

    Tous deux sont absolument AHURISSANTS.

    Gilles Lellouche, je l'aime de plus en plus, ici tour à tour dur puis tendre, strict puis doux, impénétrable et exécrable puis se laissant aller à flancher. J'adore sa façon de froncer les yeux quand il se veut impitoyable puis de les friser quand il se veut attendri. J'adore ses éclats, j'adore ses pétulances, sa pétillance, quand il est odieux, quand il est charmant ... tout ... il prouve qu'il peut tenir les hauts d'affiche et s'impose peu à peu comme incontournable dans le cinéma français.


    Mais c'est Karin Viard qui m'étonne le plus, tant elle est fabuleuse. Quelle actrice, mais quelle actrice !! Elle sait tout faire et nous offre toute sa palette : ses rires, ses larmes, sa joie de vivre, ses souffrances, son coeur, son âme, ses sourires tristes ou joyeux, ses regards baissés ou fiers .. tout .. elle est sensationnelle jusqu'à l'ultime plan magique qui vous tord le ventre.

    Tous deux sont dirigés d'une main de maître par un Cédric Klapisch rigoureux tirant le meilleur d'eux qui ne tarissent pas d'éloges au sujet du réalisateur. "Il met la barre haut : son exigence est à la hauteur de son affection", confie l'actrice, appuyée par son partenaire de jeu : "(...) il sait exactement où il veut vous emmener, avec une précision chirurgicale. Mais il le fait avec une telle délicatesse que la direction n'est plus une direction, elle devient un jeu" (source : allocine.fr).

    Une oeuvre magistrale qui décrit avec beaucoup d'humanité et d'intensité les difficultés des "petits" face aux "grands" très bien expliquées dans la métaphore de la mare aux canards ...

    Cédric Klapish d'expliquer : "J'essaie plutôt de faire de la publicité pour la réalité en disant, en ce moment il vaut mieux arrêter de rêver... (...) Il faut faire du cinéma pour avertir, pas seulement pour divertir" (source : allocine.fr).

    Un film indispensable donc, dont la fin est imprévisible et ouverte, laissant libre cours à toute interprétation et extrapolation. Un film parfois distrayant mais surtout avisé.


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