• Synopsis : Polo a 16 ans et les complexes d’un ado de son âge. Entre une mère alitée et une soeur qui rêve d'être miss, le seul qui s’en sorte à ses yeux, c’est son père. Hélas, il est femme de ménage...

    De Saphia Azzedine avec François Cluzet, Jérémie Duvall, Nanou Garcia et Alison Wheeler

    Nouveauté


    Lorsqu'on est écrivain, on ne s'improvise pas cinéaste ... !! Saphia Azzedine adapte son propre roman mais se plante sur toute la ligne, substituant avec beaucoup trop de maladresses et de gaucherie sa caméra à sa plume.

    Car malheureusement, son film n'est qu'une succession de saynètes sans lien les unes avec les autres, on dirait qu'elle a conçu sa comédie à la va-vite, bâclant sa réalisation un peu trop linéaire et plate ainsi que son montage manquant cruellement de fluidité, comme si elle avait mélangé les bobines et les couleurs de sa palette.

    C'est dommage car l'écriture n'est pas mal du tout, les dialogues sont souvent drôles même (les joutes verbales des copains lycéens sont excellentes), les situations sont parfois amusantes, mais quelle déception tant les personnages sont survolés, tant le postulat de départ (et pourtant le conflit social et de génération était un sujet en or sur lequel on pouvait faire une oeuvre majeure) est dilué sous un déluge de scènes superficielles et inintéressantes, au détriment de face-à-face touchants qui se perdent au milieu.

    Le format est plutôt court (1 h 20) et aurait pu en conséquence gagner en intensité mais non ... car le final a une belle morale sur la transmission ...

    Heureusement qu'il est sauvé par les acteurs, François Cluzet toujours aussi excellent mais ici un peu sous-exploité, Jérémie Duvall (vu récemment aux côtés de Gérard Lanvin dans Le fils à Jo) prometteur, Nanou Garcia touchante, la jeune Alison Wheeler qui délivre une partition drôlissime de nunuche, même si son physique de grande blonde aux yeux bleus détonne, et offre sans nul doute par son potentiel comique les meilleurs moments de cette comédie gentillette mais trop artificielle.

    Un film bancal et médiocre, inégal et malhabile, qui aurait mérité une adaptation plus contrôlée et cadrée, dénué de professionnalisme et de perfectionnisme.

    Une grosse déception parce que François Cluzet est pour moi un acteur de tout premier plan qui mérite mieux qu'une apprentie réalisatrice qui a bien des progrès à faire si elle veut se faire une place au soleil du septième art.


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  • Synopsis : Un braqueur s’évade de prison pour traquer son ancien codétenu, un tueur en série qui a entrepris de lui coller ses crimes sur le dos. Une policière de la Brigade des Fugitifs se lance à la poursuite du braqueur, devenu bien malgré lui l’ennemi public numéro 1. Quand chacun des protagonistes aura été au bout de lui-même, qui sera le chasseur, et qui sera la proie ?

    De Eric Valette avec Albert Dupontel, Alice Taglioni, Stéphane Debac, Natacha Régnier

    Nouveauté

    Interdit au moins de 12 ans


    Albert Dupontel est un acteur sur lequel on peut parier à coup sûr et qui sait tout faire, il le prouve en passant d'un rôle sobre et profond dans Deux jours à tuer (par exemple) à celui-ci, très physique et puissant, en n'oubliant pas au passage ses autres performances passées, présentes ou à venir.

    Bizarrement, je n'aimais guère le personnage à ses débuts, je n'ai jamais adhéré à son humour, mais l'acteur a pris une sacrée épaisseur (et peut assurer les têtes d'affiche) et il me plaît de plus en plus.

    Ici, il est absolument phénoménal, ne s'arrêtant jamais, déterminé, fonceur, courageux. Il fuit, poursuit, empli d'une rage folle.

    Il faut dire aussi que Eric Valette ne lésine pas sur les moyens.

    Tout le début du film se déroule dans l'univers carcéral, dépeint avec beaucoup de réalisme et de cruauté (certaines séquences assez ardues expliquent sûrement l'interdiction), la réalisation y est très (en)fermée, la caméra a dû mal à s'échapper de la geôle ou des parloirs, par des plans serrés sur les visages du héros ou de ses ennemis (la scène pendant le concert est sublimement - et terriblement - filmée) pour peu à peu s'évader avec son personnage vers d'autres horizons plus larges et plus ouverts.

    Le cinéaste maîtrise parfaitement son thriller de la première à la dernière seconde, et même si le scénario souffre de quelques incohérences, peu importe, on est tellement embarqués par le suspense omniprésent, tellement pris aux tripes par la folie des personnages (le héros tout à la fois traqué et traqueur, le serial killer flippant à souhait), tellement captivés par les courses-poursuites, les cascades complètement démentes (sauter sur le toit d'un train, courir à contre-courant du trafic routier), tellement pris par l'empathie que dégage Dupontel ou émus par la gamine,  qu'on ne peut qu'apprécier cet excellent divertissement de qualité, tel que le qualifie Eric Valette "Je souhaitais pouvoir offrir un vrai film d’action, «d’entertainment», sans oublier le fond et l’émotion. J’ai toujours eu envie de faire ce genre de films, c’est celui que j’aime regarder. Pour moi, le fait d’être un bon «divertissement du samedi soir» n’est pas en contradiction avec l’idée de faire de la qualité en offrant en plus quelques ambiguïtés et même un petit côté sarcastique."

    Eric Valette, tout comme Fred Cavayé (Pour elle, A bout portant) nous permet de croire que le cinéma français peut offrir de bons thrillers "à l'américaine" tout en gardant la qualité française (le soin apporté à l'image, à la photographie, aux prises de vue, aux décors, au montage - ici particulièrement étudié - ou encore de l'interprétation).

    Ce qui touche ici c'est que le héros, qui s'avère être un braqueur violent, peu à peu bascule du bon côté et nous devient sympathique, tout en ayant des parts d'ombre, puisque atteint dans ce qu'il a de plus cher (sa femme et sa fille qu'il adore), et on se surprend à vibrer pour lui et même à l'aimer tant aussi le tueur est impitoyable et terrifiant. Eric Valette s'en explique : "Depuis longtemps, je souhaitais faire un film de poursuite, avec un héros noir. J’aimais l’idée de l’amoralité du héros disposant de ses propres codes et de sa propre ligne de conduite. Le fait que l’histoire soit nourrie de plusieurs faits réels me plaisait aussi. On trouvait du coup des résonances réalistes, un côté «fait divers» associé à une vraie dimension de cinéma."

    Pour camper ce personnage hors norme, Albert Dupontel est vraiment sensationnel, tour à tour dur et endurci, puis tendre et attendri, il met dans ce rôle toute son énergie et son intensité, son jeu est d'une droiture rare et exemplaire. Le réalisateur explique pourquoi son choix s'est porté sur lui : "C'est un très grand acteur et l’un des rares en France qui pouvait en plus assumer le côté très physique du rôle. Il bénéficie en plus d’une grande affection du public, ce qui permet d’emblée de rendre ce personnage complexe sympathique. On a envie de savoir ce qui va lui arriver." Albert Dupontel revient sur la manière dont il est entré dans son rôle : "Pour jouer Franck, je me soumettais à la cadence de ce personnage physique, frénétique, violent et caricatural au bon sens du terme. Il me dominait complètement. J’étais forcé de courir comme lui, de ressentir les choses comme lui. Il m’a entraîné, ce qui m’a permis de l’habiter."

    Par ailleurs, il exécute lui-même toutes ses cascades : "Si je n’avais pas accompli mes cascades, je ne serais venu que trois jours sur le tournage. À partir du moment où l'on s’engage, il faut le faire vraiment. Exécuter moi-même les cascades me permet d’amener le jeu jusque dans l’action. La tension qui a été la mienne tout au long du film se ressent dans chaque scène." Le comédien s'est préparé avec Christian Hening, coordinateur des cascades. "À chaque fois, une doublure lumière exécutait les cascades avant moi, à la fois pour régler le cadre et me montrer ce qu’il y avait à faire. C’était une bonne façon de voir quelles difficultés m’attendaient." Une implication de l'acteur qui a valu au réalisateur des sueurs froides : "Il n’y a pas un plan où il soit doublé. J’étais à la fois tétanisé de trouille et fasciné par les risques qu’il prenait !"

    Face à lui, la belle Alice Taglioni, loin de ses rôles glamour, s'affirme, plutôt convaincante, courageuse et intrépide, s'inspirant d'une vraie policière de la Brigade des Fugitifs.

    Stéphane Debac est quant à lui vraiment effroyable en tueur marmoréen et impénétrable, à qui on donnerait le bon Dieu sans confession avec ses faux-airs de Jean-Luc Delarue, propre sur lui mais pas en lui, il vous glace le dos par son ambiguïté, sans oublier sa compagne, interprétée par Natacha Régnier, assez effrayante.

    A noter aussi la présence indispensable de Sergi Lopez toujours impeccable qui donne une touche de crédibilité à l'ensemble.

    Un film ambitieux se déroulant sur un rythme trépidant, aux scènes d'action superbement réalisées, au final poignant, un vrai bon divertissement particulièrement réussi que j'ai vraiment beaucoup aimé.


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  • Synopsis : Bien qu’elle soit jeune, jolie, dynamique et ambitieuse, Becky Fuller est en pleine traversée du désert professionnelle et sentimentale. Aussi, lorsqu’on propose à cette productrice TV de reprendre "Daybreak", la matinale la moins regardée du pays, elle accepte le défi sans hésiter. Pour booster l’audience, elle décide d’engager Mike Pomeroy, le journaliste de légende de la chaîne. Mais le charisme de Mike n'a d'égal que ses caprices de star, et ses relations sont électriques avec Colleen Peck, sa co-présentatrice. Les coups bas hors-plateau s’accompagnent très vite de petites phrases assassines à l’antenne… Dans le même temps, Becky craque pour un producteur de la chaîne, mais sentiments et travail ne font pas toujours bon ménage. Parviendra-t-elle à sortir l’émission de l’impasse et à trouver l’amour ?

    De Roger Michell avec Rachel McAdams, Harrison Ford, Diane Keaton, Patrick Wilson et Jeff Goldblum

    Nouveauté

     

    A partir d'une intrigue déjà vue dix mille fois, le scénariste fait un bon travail grâce à des dialogues brillants et piquants.

    Le film est très bavard, Rachel McAdams n'arrête jamais de parler et de bavasser à droite à gauche. Elle en serait presque saoulante mais elle tient son rôle à bout de bras avec beaucoup de conviction et d'énergie, infatigable et intarissable. Mais elle est géniale tant elle vous entraîne avec détermination dans son tourbillon infernal. Son enthousiasme débordant fait plaisir à voir.

    C'est elle qui tient le haut de l'affiche alors qu'on aurait pu penser que Harrison Ford et Diane Keaton en étaient les vedettes. Ils sont presque des pantins manipulés avec brio par la jeune femme (tant les acteurs que les personnages).

    Tous trois font des étincelles. Avec une jolie touche de romantisme par le biais de l'histoire d'amour, illuminée par la présence du charmant Patrick Wilson.


    Le film dégage un vrai potentiel comique par son décor (une émission matinale sur le déclin propice à tous les délires pour remonter l'audience - certains reportages sont totalement déjantés et le pauvre Monsieur Météo est bien bringueballé !!), par le duo explosif Diane Keaton - Harrison Ford qui revient ici à la comédie pure avec talent, qui se lancent, impitoyables, des répliques cinglantes qui font mouche, qui font mal, par des situations cocasses qui font souvent éclater de rire, par des prises de vue sur le visage dépité et blasé de Harrison Ford face à des images tellement grotesques (qui semble dire : mais qu'est ce que je suis venu faire dans cette galère ?).

    La réalisation n'est pas vraiment originale ni flamboyante mais la caméra semble parfois s'immiscer par le petit trou de la souris pour mieux nous dévoiler l'envers du décor qui n'est pas toujours rose.

    En fait, le film vaut par sa causticité et son acidité mais surtout donc par son brillant casting.

    Car, si Rachel McAdams (qui me fait penser un peu à Anne Hathaway) assure avec beaucoup de maîtrise son rôle de jeune ambitieuse, Diane Keaton se révèle toujours aussi fraîche et pimpante, Harrison Ford trouve ici son meilleur rôle depuis longtemps avec son sourire en coin cynique et arrogant, et Patrick Wilson est à tomber par terre.

    Même si elle s'essouffle un peu par moments et qu'elle ne révolutionnera pas le genre, la comédie est souvent amusante, parfois drôle mais surtout brillamment interprétée.


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  • Synopsis : Trois sont déjà morts. Qui sera le quatrième ? Un adolescent extraordinaire, John Smith, fuit devant des ennemis prêts à tout pour le détruire. Changeant perpétuellement d’identité, ne restant jamais longtemps dans la même ville, il est accompagné par Henri, qui veille sur lui. Partout où il va, John est le nouveau venu, celui qui n’a aucun passé. Dans la petite ville de l’Ohio où il s’est installé, il va vivre des événements inattendus qui vont changer sa vie. De son premier amour à la découverte de ses incroyables aptitudes, il va aussi se lier à des personnes qui partagent son fascinant destin…

    De D.J. Caruso avec Alex Pettyfer, Timothy Olyphant, Teresa Palmer et Diana Agron

    Nouveauté


    On n'échappe ici à aucun poncif du genre : beau gosse, historiette d'amour niaiseuse avec une blondasse insignifiante, effets spéciaux à gogo, bagarres bien huilées,  le bon père adoptif, le mec martyrisé par ses copains de classe qui devient le meilleur ami, l'éternelle guerre entre le bien et le mal, entre les bons et les méchants ... bref un scénario des plus banal et des dialogues frôlant parfois le pathétisme (mais on a aussi entendu pire !!).

    Mais toutefois, j'ai plutôt bien aimé ce divertissement de haut vol (j'ai parfois besoin de me reposer le cerveau) bien filmé, bien réalisé, bien éclairé, bien interprété par des jeunes talents fort prometteurs.

    Il est évident que le public ciblé se situe dans une tranche d'âge entre 10 et 15 ans, les adolescentes boutonneuses vont adorer le héros (euh et moi aussi car il faut bien admettre que le gamin est à croquer !!) et la bluette assimilable à celle des deux personnages de Twilight, de ces amours impossibles vouées a priori à l'échec entre un être humain et un être pas humain du tout mais qui vont finalement vaincre car l'amour est plus fort que tout ... et blablabla et blablabla .. (juste pour vous expliquer la qualité du scénario du niveau zéro).

    Mais par contre la réalisation est vraiment efficace, D.J. Caruso nous a habitués à dynamiser ses films (voir L'oeil du mal avec Shia LaBeouf excellentissime) par des effets spéciaux ahurissants, des courses poursuites ou autres combats spectaculaires (petit regret sur quelques scènes finales rocambolesques et grand-guignolesques entre les créatures). Il y a beaucoup d'action et on est facilement embarqués dans l'aventure.

    Le jeune héros est plutôt attachant lorsqu'il est démuni face à ses pouvoirs qui se révèlent peu à peu à lui, lorsqu'il découvre comment les utiliser, mais surtout et essentiellement dans ses relations avec son père adoptif.

    Le peuple ennemi est représenté par des hommes immenses et inquiétants, se mouvant dans des cache-poussières noirs impressionnants dont les maquillages sont vraiment réussis.

    Et l'arrivée de Numéro 6 dans la dernière partie du film (Teresa Palmer une vraie bombe !!) donne un vrai plus en tonifiant le dernier quart d'heure.

    Ce n'est donc pas peut-être un film à haute portée intellectuelle, c'est de la pure science-fiction romantico-sensationnelle, mais il est tellement bien réalisé qu'on en oublie les faiblesses de l'écriture, il y flotte en tout cas une atmosphère vraiment singulière et prenante.

    Il est par ailleurs superbement mis en musique (les chansons additionnelles passant de Adele à Kings of Leon sont magnifiques et judicieusement placées) et laisse à supposer, par certains indices, qu'il y aura une suite ("chaque chose en son temps" dixit Number Six !)

    En tout cas j'ai passé deux heures devant un pur divertissement à m'extasier par ailleurs sur le charme et la beauté plastique de Alex Pettyfer qui m'a toute retournée ... !!



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  • Synopsis : Depuis des années, Conrad Lang vit aux crochets de la riche famille Senn. D’abord camarade d’enfance de Thomas, puis gardien de leur maison de vacances à Biarritz, ils l’utilisent comme bon leur semble et lui s’en satisfait. Mais lorsque son état de santé se dégrade, lorsqu’il se met à raconter à Simone, jeune épouse de l’héritier Senn, des souvenirs d’enfance qui ne collent pas tout à fait à l’histoire officielle de la famille, Elvira, la matriarche, se montre étrangement menacée. Comme si ce vieux fou inoffensif portait en lui les moyens de la détruire. C’est alors qu’entre Conrad et Simone va naître une amitié étrange, amenant la jeune femme à faire face, pour lui, à une Elvira bien plus dangereuse qu’il n’y paraît.

    De Bruno Chiche avec Gérard Depardieu, Alexandra Maria Lara, Niels Arestrup, Nathalie Baye et Françoise Fabian

    Sortie le 30 mars 2011

     

    Bon, je vous l'avoue tout de go, Gérard Depardieu me débecte. Il est trop gros, trop lourd, trop pataud, trop tout. Mais il faut bien admettre qu'il est toujours un sacré acteur.

    Ce film peine toutefois à démarrer, s'étend, s'étire, lent et empesé mais peu à peu le suspense s'épaissit, les secrets de famille se dévoilent et les souvenirs confus pour les uns, nets et précis pour les autres recèlent bien des mystères jusqu'à une révélation finale inattendue.

    Ici, la jeune Simone est comme l'enquêtrice qui va aider Conrad à retrouver la mémoire, ou tout du moins des bribes de son passé, pour retracer le fil de sa vie et raccrocher un peu les wagons.

    Dans un décor splendide, au coeur d'une demeure somptueuse entourée d'un parc immense, les uns et les autres s'affrontent, se déchirent.

    Bruno Chiche adapte le roman de Martin Suter d'une bien jolie plume, évoquant avec beaucoup de pudeur et de retenue la terrible maladie d'Alzheimer dont son héros est atteint réveillant des souvenirs de petite enfance enfouis tout en effaçant les plus récents, voire immédiats.

    Voici un sujet particulièrement sensible traité avec intelligence, à l'image soignée, aux atmosphères parfois chaleureuses (la maison d'amis est bien accueillante a contrario de la maison familiale froide et gigantesque aux couloirs tristes et interminables) parfois glaciales (les scènes de neige et de froideur) aux contrastes marqués entre ceux qui cherchent à cacher et ceux qui cherchent à savoir.

    Gérard Depardieu dégage une force fragile, il est un mastodonte qui s'égare bien souvent dans sa tête ou dans la rue, qui tombe puis se relève, qui se perd puis se trouve, et qui s'avère être le plus solide de tous. Au fur et à mesure que les masques tombent, lui semble y puiser sa force.

    Bruno Chiche explore avec beaucoup de justesse les douleurs et tourments de ses personnages, s'attardant également sur le portrait de la jeune Simone sublimement incarnée par la jeune Alexandra Maria Lara, magnifique et lumineuse. Une jeune actrice qui me fait un peu penser à Audrey Dana, au physique atypique et pas du tout stéréotypé, radieuse et éblouissante. Elle apporte beaucoup de fraîcheur et de douceur au film, donnant toute sa tendresse à cet homme qui la trouble plutôt qu'à son mari un peu trop absent.

    Françoise Fabian (extraordinaire en mère matrone inflexible et acariâtre se complaisant dans le mensonge et l'hypocrisie) et Niels Arestrup (découvrant la vérité avec horreur et stupéfaction) sont tous deux formidables mais ça n'est pas un scoop, on le sait depuis longtemps.

    Un joli film de famille parfois un peu lent et figé, "chabrolien" dans le style sans toutefois égaler le maître du genre, ni vraiment mal ni vraiment bien (la réalisation est un peu trop classique et conventionnelle à mon goût) mais juste et émouvant, même s'il ne tire pas les larmes, qui ne restera peut-être pas dans les mémoires (!!!) mais qui a le mérite d'être sincère et profond, en abordant un sujet difficile, utilisant la maladie d'Alzheimer "non comme la cause d'une inexorable plongée dans la vieillesse, mais comme l'agent d'un non moins inexorable retour vers l'enfance" (Alain Riou)

    A voir toutefois pour l'excellence des acteurs, la présence de Nathalie Baye qui illumine l'image et les séquences finales poignantes.

    Et pour sa morale indéfectible : "Plus on vieillit, plus le passé se rapproche / sera proche" ...


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  • Le Prix Romy-Schneider et le Prix Patrick Dewaere, qui distinguent un espoir du cinéma français, ont été décernés ce lundi soir à Anais Demoustier et Gilles Lellouche.


    Pas de Problème pour Anaïs Demoustier


    Ce lundi soir, quelques semaines après le vote, avait lieu la cérémonie de remise des prix de l'édition 2011. Les jurés du Prix Romy-Schneider (dont un membre de la rédaction d'AlloCiné) ont élu Anaïs Demoustier, remarquée l'an dernier dans D'amour et d'eau fraîche et Belle épine, et déjà nommée au César du Meilleur espoir féminin. Actuellement sur les planches aux côtés d'Emmanuelle Devos dans Le Problème de François Bégaudeau, la jeune Lilloise de 24 ans sera très présente sur les écrans en 2011 : on la retrouvera notamment face à Juliette Binoche (Elles, anciennement Sponsoring), au sein de la troupe de Guédiguian (Les Neiges du Kilimandjaro) et dans un premier long métrage, L'Hiver dernier.


    Gilles Lellouche se taille la part du lion


    Les membres du jury Patrick-Dewaere ont de leur côté distingué Gilles Lellouche, qui tourne depuis une quinzaine d'années, mais dont la cote a grimpé en flèche au cours de ces derniers mois. A l'affiche ces jours-ci de Ma part du gâteau, il était en 2010 le héros de A bout portant et faisait partie de la bande de copains des Petits mouchoirs, le plus gros succès de l'année. On le retrouvera bientôt dans un nouveau polar, Mineurs 27 puis dans Sherlock Holmes 2, en attendant les nouveaux films de Claude Miller et Jean-Paul Rouve, entre autres. Agé de 39 ans, le co-réalisateur de Narco envisage également de repasser derrière la caméra, Le Jour J -c'est le titre du film, qu'il a présenté, au micro d'AlloCiné, comme un "Ocean's Eleven dépressif".


    Julien Dokhan

     

    Le prix remis à Gilles Lellouche par le plus grand acteur du monde Jean Dujardin .... 


    ENFIN oserais-je dire, Gilles Lellouche récompensé et il le mérite tellement. Je suis si contente pour lui car c'est un acteur que j'aime vraiment de plus en plus.


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  • Synopsis : Alessandro, veuf, est un professeur italien de musique baroque qui vit à Strasbourg avec Irina, sa fille de 15 ans, et son frère Crampone, un gentil fou anarchiste qui ne cesse de demander le statut de réfugié politique depuis que Berlusconi est au pouvoir. Parfois, Alessandro a l'impression d'avoir deux adolescents à élever, alors qu'il ne se rend même pas compte qu'il est lui-même démuni face à l’existence. Voulant être un père modèle, il en a oublié de reconstruire sa vie amoureuse, d'autant plus qu'il est entouré d'une bande de copains dont la fantaisie burlesque l'empêche de se sentir seul.  Mais au moment où sa fille découvre les premiers émois de l’amour, sans qu’il s’y attende, tout va basculer pour Alessandro…

    De Philippe Claudel avec Stefano Accorsi, Clotilde Coureau et Neri Marcoré

    Nouveauté

    J'y suis allée surtout pour la signature de Philippe Claudel, qui m'avait tant bouleversée par son premier film "Il y a longtemps que je t'aime" et pour Stefano Accorsi, un acteur que j'adore, tant physiquement (... !!) que dans son jeu subtil.

    Et je me suis laissée embarquer avec jubilation au sein de cette famille atypique (les deux frères et la gamine) survoltée, au sang chaud (les engueulades plus que bruyantes entre les deux frères sont hilarantes... !!!).

    C'est un film qui me rappelle l'esprit des comédies italiennes des années 70, joyeux, lumineux, léger et frais teinté de beaux moments d'émotion et de délicieuses douceurs, sans jamais tomber dans un sentimentalisme débordant (il y lorgne de temps à autre mais rebondit à point nommé).

    Philippe Claudel explique : "Je ne cherche évidemment pas à arriver à la cheville de Dino Risi, de Mario Monicelli ou de Pietro Germi. Juste à tenter, d’essayer d’être dans cette veine-là en passant du rire à l’émotion".

    Qu'il soit par ailleurs transposé dans la belle ville de Strasbourg, bien filmée et mise en lumière (j'aime beaucoup les scènes de nuit) en fait un petit bijou original et personnel.

    Domine surtout la drôlerie de certaines scènes cocasses portées par une palette de seconds rôles savoureux et truculents : le frère casanier qui ne quitte jamais sa robe de chambre douteuse est à mourir de rire, totalement pittoresque, la factrice qui se découvre une âme d'anarchiste (un peu aidée ... !!), la collègue nymphomane, toute la petite bande de copains ...

    Mais aussi la prestation de Stefano Accorsi, tour à tour tendre et attendri (et attendrissant), sensible, altruiste (il est lecteur bénévole pour les personnes hospitalisées), généreux, sensible, timide mais surtout gauche et maladroit dans ses relations avec sa fille (excellente et ravissante la petite Lisa Cipriani) ou avec la jeune femme qu'il va rencontrer (fine et délicate Clotilde Coureau), fille d'une des patientes qu'il côtoie (Anouck Aimée troublante).

    "J’aime travailler avec des acteurs étrangers, mêler les origines. C’était enrichissant de faire cohabiter à Strasbourg, sur fond de tarentelles, deux comédiens italiens", raconte le réalisateur.

    Le final dans l'église, poignant (Stefano Accorsi pousse très bien la chansonnette et le texte est très beau), m'a foutu les frissons.

    Philippe Claudel signe pour la première fois un scénario original - ainsi que les dialogues - d'une pure comédie, réussissant avec brio le grand écart avec son premier film dramatique, pleine de bien belles pépites (les scènes au chevet des malades sont magnifiques), répliques détonnantes, et autres références littéraires (la légende d'Orphée) ou musicales.

    "Comme dans Il y a longtemps que je t'aime, ce film dit l’importance des autres. Les personnages arrivent à accéder à un certain bonheur parce que les autres les y aident," explique le cinéaste.

    Un bien joli film, coloré, bavard et réjouissant.


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