• Synopsis : Bobby Walker est l’incarnation même du rêve américain : il a un très bon job, une merveilleuse famille, et une Porsche toute neuve dans son garage. Mais lorsque la société qui l’emploie réduit ses effectifs, Bobby se retrouve au chômage, tout comme ses collègues Phil Woodward et Gene McClary. Les trois hommes sont alors confrontés à une profonde remise en cause de leur vie d’hommes, de maris et de pères de famille.

    De John Wells avec Ben Affleck, Tommy Lee Jones et Chris Cooper        

    Nouveauté

    Après un début rébarbatif et laborieux, le temps que soient plantés l'intrigue et les personnages, le film peu à peu creuse son sillage pour s'avérer être grave et profond, nous présentant une Amérique blessée au travers de trois portraits distincts.

    John Wells signe ici sa toute première oeuvre, un constat amer et dur face à un contexte social et économique des plus difficile. Malgré sa réalisation ordinaire et impersonnelle, toutefois juste et sobre, il propose un drame réaliste dont le scénario et les dialogues sont brillants, bien ciselés, agrémentés par moment d'un certain humour corrosif. Par ailleurs, il garde toujours son sujet sur les rails, reste concentré dessus de bout en bout, éludant habilement les errements sentimentaux et autres scènes qui auraient pu parasiter lourdement l'ensemble, et clôture son film sur un site perdu au milieu de nulle part où tout y est à reconstruire ...

    Les chemins des trois personnages se croisent et se décroisent au gré de leurs errances et leurs souffrances. Même si certaines situations sont banalement stéréotypées, d'autres ne manquent pas de surprendre. Chacun va affronter le chômage à sa manière, l'un s'humanise en réalisant que le rêve américain n'est pas si doré que ça, l'autre réagit et s'affirme tant sentimentalement que professionnellement, le troisième lâche prise.

    Ils sont incarnés par trois excellents acteurs : Ben Affleck est sensationnel, passant avec une aisance déconcertante du costard-cravate-cul coincé au jean-chemise à carreaux-dégaine désinvolte où il est mille fois plus charmant d'ailleurs, même si le costume lui va plutôt bien.

    Tommy Lee Jones avec son visage marqué et terriblement expressif est vraiment touchant dans le cheminement de sa rédemption, et Chris Cooper, peut-être moins charismatique, est tout aussi émouvant. Sans oublier le retour d'un Kevin Costner un peu empâté et bedonnant mais sympathique et  plutôt convaincant comme il a su l'être par le passé.

    Je regrette toutefois que les rôles féminins soient un peu effacés.

    Voici donc une analyse pertinente sur le rude contexte économique et social sévissant actuellement, peinant à démarrer (certaines scènes du début du film sont limites chiantes) mais qui trouve vite ses marques et des résonances marquantes puisque malheureusement universelle, et dont la morale n'est pas sans intérêt (le rêve américain est-il si enviable que cela ? quelles sont les vraies valeurs ?).


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  • Synopsis : Au camp Pendleton, base militaire située à proximité de Los Angeles, un groupe de Marines, dirigé par le sergent Michael Nantz, est appelé à riposter immédiatement à l'une des nombreuses attaques qui touchent les littoraux à travers le monde. Le sergent Nantz et ses hommes vont mener une bataille acharnée contre un ennemi mystérieux qui est déterminé à s'emparer de l'approvisionnement en eau et à détruire tout sur son passage.

    De Jonathan Liebesman avec Aaron Eckhart et Michelle Rodriguez

    Nouveauté


    Un film d'invasion extraterrestre voire de fin du monde, tout à fait dans l'air du temps, c'est-à-dire filmé caméra à l'épaule et à hauteur d'hommes, au style quasiment documentaire (voir L'Assaut récemment) scénaristiquement nul aux dialogues pathétiques, mais réalisé d'une façon résolument moderne et efficace.

    Mais toutefois j'y vois ici des avantages et des inconvénients, eu égard au sujet traité.

    Car en effet si cela humanise le combat, en nous sensibilisant aux personnages, lui donnant par ailleurs une certaine intensité et un caractère des plus réaliste, on en perd au passage le côté spectaculaire et grandiose, l'impact visuel et l'amplitude d'image ici restreinte puisque souvent en plans serrés ou même très serrés (mais les gros plans sont magnifiques). On est davantage dans la suggestion que dans l'image crue (ce que toutefois je préfère), qui est souvent envahie de poussières et de cendres jouant beaucoup avec les ombres et les lumières.

    Alors oui les visages expressifs et touchants nous émeuvent, alors oui la subjectivité nous permet de plonger au coeur de l'action mais tout cela manque un peu d'emphase et de majestuosité.

    Ceci étant, j'ai quand même trouvé le film plutôt réussi car abordé par un biais inattendu pour le genre, même si ca pétarade beaucoup trop.

    On sent par ailleurs une réelle implication des acteurs (qui ont subi un véritable entraînement militaire), Aaron Eckhart en tête, plus que convaincant et Michelle Rodriguez en femelle à biscotos, sans peur et sans reproche, au courage exemplaire, bref un ersatz de son rôle dans Avatar.

    Ceci étant, voilà encore une fois le reflet d'une Amérique foncièrement militariste et patriotique mais toutefois le film recelle de beaux moments de bravoure et des séquences à couper le souffle, bien cadrées, bien montées, aux effets spéciaux réussis, même si parfois on a un peu de mal à voir, percevoir et comprendre tout ce qui se passe, certains passages étant quelque peu confus.

    Il ne faut donc pas s'attendre à un film de science fiction classique mais plutôt à un film de guerre. Les envahisseurs seraient tout autres, on aurait pu avoir le même résultat. Le fait qu'ils soient des hybrides entre des transformers et des choses gluantes permet des scènes un peu plus mordantes.

    On passe deux heures devant un film plus que correct, hybride de La Guerre des mondes et de Cloverfield, qui se regarde sans ennui, musclé et énergique.


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  • Synopsis : Un écrivain en mal d'inspiration infiltre la vie d'une journaliste star de la télé et de sa fille danseuse étoile pour écrire à leur insu une biographie non autorisée. Pendant ce temps, en Bretagne, un garçon de 20 ans, Bruno, qui habite avec ses parents, ne sait pas encore les conséquences que toute cette histoire va avoir sur son existence.

    De Thierry Klifa avec Catherine Deneuve, Nicolas Duvauchelle et Géraldine Pailhas

    Nouveauté

     

    Je voulais absolument voir ce film dont la bande annonce m'a tant bouleversée, je n'aurais peut-être pas dû en ces moments difficiles pour moi. Je suis à fleur de peau, je pleure pour un rien, et là j'en ai versé des larmes !! Surtout dans la deuxième partie où le drame se noue. Dès que la voix de Serge Reggiani a résonné. Cet artiste me prend aux tripes et me fait irrépressiblement pleurer.

    Mais que c'est beau ! Ce film est magnifique de bout en bout, de la toute première à la toute dernière seconde, poignant, retournant, troublant, destabilisant, soutenu par ailleurs par une bande musicale de toute beauté.

    Thierry Klifa, qui co-écrit le scénario avec l'excellent Christopher Thompson qui signe à lui seul les dialogues, trouve le ton juste pour nous présenter le portrait d'une famille désunie en quête les uns des autres, cherche des réponses aux interrogations sur les liens maternels. La mère et la fille ne se parlent plus, le fils de cette dernière vit dans une famille adoptive aimante et fière de lui. Ils vont apprendre à se connaître.

    L'histoire est traitée avec pudeur et retenue, sans jamais tomber dans le mélodrame, ce que je craignais de prime abord, les premières scènes étant assez larmoyantes, j'ai eu peur de l'excès d'émotion. Je déteste qu'on me dicte quand il faut ou ne faut pas pleurer !! Mais non, le réalisateur a cette intelligence de donner à son film une certaine joie de vivre, une certaine légèreté et un ton résolument optimiste, malgré certaines scènes pesantes et pénibles. Il a l'intelligence de pulser l'ensemble grâce à un joli suspense qui maintient le souffle et l'intérêt tout le long. Il a l'intelligence d'avoir l'oeil et l'oreille absolus pour diriger au mieux ses acteurs.

    Il met une touche "lelouchienne" dans sa façon de filmer (il joue avec les travellings, les focales, les profondeurs de champ, et ses gros plans sont éblouissants) et du caractère dans son image stylée. Le passage où s'entremêlent les scènes du journal télévisé, les répétitions de boxe, et celles de danse est tellement bien fait ... abrutissant de maîtrise et d'émotivité.

    Son scénario, bien construit, se déroule avec fluidité, les destins parallèles peu à peu vont se croiser. Et le personnage de Mathieu après en avoir été l'instigateur, manipulateur et sans scrupule, en devient le spectateur impuissant et démuni. Pour peut-être au final en être le plus meurtri de tous.

    Catherine Deneuve dégage une classe folle lorgnant du côté de Claire Chazal lorsqu'elle présente son JT, Géraldine Pailhas est sensationnelle, sensuelle et d'une grâce infinie (toutes les scènes de danse, à l'instar du précédent, sont sublimes, elle s'est entraînée avec une étoile pour parvenir à une telle maîtrise de cet art ardu), le jeune Jean-Baptiste Lafarge est une sacrée belle découverte et je pense qu'il peut faire une belle carrière tant il est déjà mature.

    Mais je retiens surtout la prestation exceptionnelle de Nicolas Duvauchelle qui prend de l'étoffe, donnant à son personnage tourmenté beaucoup de sensibilité. Il m'a éblouie par son jeu nuancé et son charisme incroyable. A tomber par terre.


    Je regrette juste que les personnages de Marina Foïs (une actrice que j'adore) et de Jean-Marc Barr ne soient pas davantage approfondis mais il aurait fallu une demi-heure de plus au film qui serait devenu trop long, perdant au passage son intensité et son rythme soutenu.

    Mais c'est vraiment un très beau film, brillamment orchestré, qui m'a énormément touchée en plein coeur, porté par une pléïade de comédiens remarquables.

    J'ai beaucoup pleuré mais j'ai adoré.


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  • Synopsis : Sommes-nous maîtres de notre destin ? Ou sommes-nous manipulés par des forces invisibles ? David Norris entrevoit l'avenir que le Sort lui réserve et se rend compte qu'il aspire à une autre vie que celle qui lui a été tracée. Pour y parvenir, il va devoir poursuivre la femme, dont il est tombé follement amoureux, à travers les rues de New York et ses réseaux souterrains...

    De George Nolfi avec Matt Damon, Emily Blunt et John Slattery                                                     

    Nouveauté


    J'hésite entre le génial et le grand n'importe quoi. Soit on se transpose d'emblée dans le fantastique et de fait on y adhère sans restriction ni réserve, soit on y est totalement réfractaire et du coup hors jeu tout le long.

    Le scénario, adapté d'une nouvelle de Philippe Dick, écrivain spécialisé dans la science fiction et complètement paranoïaque,  est aberrant, complexe et capillotracté. L'histoire abracadabrante n'est jamais un tant soit peu crédible. Bref on adore ou on déteste ou bien, comment dirais-je, on est circonspect .. ce qui est mon cas en l'espèce !

    Car je suis loin d'avoir détesté en fait ... finalement ... c'est un jeu de piste à travers le dédale du destin. Le film présente la thèse et l'hypothèse d'un plan de vie tout tracé, d'une fatalité où le hasard peut être tout à la fois inéluctable et aléatoire. Et surtout le libre arbitre ... car là est la morale, pas si anodine.

    La réalisation de George Nolfi, qui signe son premier long métrage, est déroutante et prenante, à l'image sublimée, à la musique entêtante, et pleine d'idées originales. Il y a de bonnes scènes d'action, bien filmées, de bonnes courses poursuites à pied, certaines séquences sont bien flippantes (les hommes de l'agence sont austères à souhait),  d'autres sont magiques (les scènes de danse sont superbes, et j'aime beaucoup les (effets de) surprises derrière chaque porte).

    J'ai beaucoup aimé l'interprétation de Matt Damon qui offre à son personnage une détermination et  une persévérance sans faille,  ainsi que beaucoup de romantisme. Le réalisateur a choisi d'en faire un homme politique charismatique pour augmenter les enjeux de l'intrigue. "Un politicien permet d’inclure une dimension supplémentaire, d’en faire un personnage dont les choix affectent les autres," explique le cinéaste.

    Celle d'Emily Blunt est toute en finesse, elle a par ailleurs dû suivre un entrainement draconien avec un chorégraphe professionnel, et a atteint un niveau de danse suffisant pour incarner son personnage. "L’entraînement était démentiel. La douleur était constante. (...) Ça a d’abord été extrêmement difficile, puis c’est devenu énergisant, et ça reste l’une des expériences les plus enrichissantes qu’il m’ait été donnée de vivre" raconte la jeune femme.

    Enfin celle également des seconds rôles, surtout Anthony Mackie et John Slattery tous deux excellents.

    Pour conclure, c'est un film intéressant davantage dans sa forme que dans son fond tant le scénario est tiré par les cheveux. Vraiment spécial, c'est le moins que l'on puisse dire mais il m'en reste tout de même un avis plutôt favorable pour être superbement réalisé  dans un New York qui a une place très importante, et pour s'axer principalement sur la très belle histoire d'amour qui trouve des résonnances inattendues.

    Bref alambiqué mais pas si mal car il en émane une certaine grâce.



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  • L'acteur Eric Elmosnino est le principal lauréat des 12e Etoiles du Cinéma, prix décernés lundi soir par la presse, pour sa performance dans le film " Gainsbourg (vie héroïque) " de Joann Sfar, tandis que Roman Polanski a été désigné meilleur réalisateur pour son dernier film " The Ghost writer ".


    Eric Elmosnino a été récompensé deux fois: meilleur premier rôle masculin et révélation masculine de l'année.

    L'Etoile d'or du meilleur film est allée à " Des Hommes et des Dieux " de Xavier Bauvois.
    Depuis 1999, les Etoiles d'Or du Cinéma - Prix de la Presse du cinéma Français, récompensent la production cinématographique française de l'année, selon les suffrages de plus de 450 journalistes et critiques de cinéma.


    Organisée au cinéma Gaumont-Marignan sous la présidence de l'actrice Sylvie Testud en présence de nombreuses personnalités du 7e art, la cérémonie a également récompensé le compositeur Alexandre Desplat pour la musique originale de " The Ghost Writer " de Polanski.


    Leïla Bekhti, César du Meilleur espoir féminin pour " Tout ce qui brille ", a été désignée Etoile d'or de la révélation féminine. Réalisé par Géraldine Nakache et Hervé Mimran, ce long-métrage qui l'a révélée, a été également récompensé par l'Etoile du meilleur premier film.


    Sara Forestier a reçu le prix du premier rôle féminin pour " Le nom des gens ". " Benda Bilili ! " de Florent de La Tullaye et Renaud Barret consacré aux musiciens des rues de Kinshasa, a décroché le prix du documentaire. Le prix du scénario est allé à Bertrand Blier pour " Le bruit des glaçons ".


    Des hommages ont été rendus à Annie Girardot et au producteur Daniel Toscan du Plantier.

    AFP


    PALMARES


    Etoile d'Or du Film

    Des hommes et des dieux (Xavier Beauvois)

    The Ghost-Writer (Roman Polanski)

    Tournée (Mathieu Amalric)

    Mammuth (Benoît Delépine , Gustave Kervern)

     

    Etoile d'Or du Réalisateur

    Roman Polanski ( The Ghost-Writer )

    Xavier Beauvois ( Des hommes et des dieux )

    Mathieu Amalric ( Tournée )

    Kim Chapiron ( Dog Pound )

     

    Etoile d'Or du Scénario

    Vénus noire (Abdellatif Kechiche)

    Tout ce qui brille (Géraldine Nakache , Hervé Mimran)

    Le Nom des gens (Baya Kasmi , Michel Leclerc)

    Le Bruit des glaçons (Bertrand Blier)

     

    Etoile d'Or du Premier Film

    Tout ce qui brille (Géraldine Nakache , Hervé Mimran)

    L'Arnacoeur (Pascal Chaumeil)

    Les Petits ruisseaux (Pascal Rabaté)

    Belle épine (Rebecca Zlotowski)

     

    Etoile d'Or du Documentaire

    Océans (Jacques Cluzaud , Jacques Perrin)

    La Vie sauvage des animaux domestiques (Dominique Garing , Frédéric Goupil)

    Benda Bilili! (Florent de La Tullaye , Renaud Barret)

    Toscan (Isabelle Partiot-Pieri)

     

    Etoile d'Or du 1er Rôle féminin

    Catherine Deneuve ( Potiche )

    Charlotte Gainsbourg ( L'Arbre )

    Isabelle Carré ( Les Emotifs anonymes )

    Sara Forestier ( Le Nom des gens )

     

    Etoile d'Or du 1er Rôle masculin

    Gérard Depardieu ( Mammuth )

    Lambert Wilson ( Des hommes et des dieux )

    Romain Duris ( L'Arnacoeur )

    Eric Elmosnino ( Gainsbourg - (vie héroïque) )

     

    Etoile d'Or de la Révélation féminine

    Anaïs Demoustier ( D'amour et d'eau fraîche )

    Leïla Bekhti ( Tout ce qui brille )

    Audrey Lamy ( Tout ce qui brille )

    Yahima Torres ( Vénus noire )

     

    Etoile d'Or de la Révélation masculine

    Eric Elmosnino ( Gainsbourg - (vie héroïque) )

    Raphaël Personnaz ( La Princesse de Montpensier )

    Grégoire Leprince-Ringuet ( La Princesse de Montpensier )

    Pio Marmai ( D'amour et d'eau fraîche )

     

    Etoile d'Or du Compositeur de musique originale

    Océans (Bruno Coulais)

    The Ghost-Writer (Alexandre Desplat)

    La Princesse de Montpensier (Philippe Sarde)

    Simon Werner a disparu… (Sonic Youth)



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  • Synopsis : Benoît, jeune père de famille, mène une vie heureuse et sans histoire. Un jour, son père détective privé, disparaît mystérieusement. Benoît va découvrir la part d’ombre d’un père qu’il pensait connaître. Et pour la première fois, il va devoir se battre pour sauver sa peau et protéger les siens.

    De Pierre Lacan avec Jean-Paul Rouve, Olivier Gourmet, Claude Brasseur et Marie Kremer                    

       Nouveauté


    Jean-Paul Rouve retrouve ici un peu le même type de personnage que dans l'excellent Poupoudiou ou comment un homme ordinaire se retrouve confronté à une situation extraordinaire. Ici, il recherche non seulement son père mais également ses propres repères, se forgeant une vraie identité au fur et à mesure où il découvre la vérité sur celui qu'il croyait si bien connaître mais qui dissimulait des parts d'ombre.

    Ce bon polar français, sec et claquant, bien rythmé, ponctué de flashes-forward permettant d'être immédiatement intrigués et de plonger au coeur du film, est plutôt bien écrit, mais surtout très bien réalisé, souvent caméra à l'épaule, ou encore à l'intérieur des véhicules (une course poursuite pour le moins originale). Même si parfois certaines incongruités et incohérences pointent leur nez (la fin est un peu limite je trouve), même si parfois on a une drôle d'impression que les dialogues sont bâclés (minimalistes pour mieux percuter), il offre de vrais moments de pure action, pas ébouriffants peut-être, mais tout à fait corrects et prenants.

    Pierre Lacan dépouille volontairement son récit et sa photographie pour mieux s'axer sur le déroulement de l'enquête et orienter le spectateur sur son personnage principal qui s'interroge sur ce qu'il est et sur ce qu'il veut être ou ne pas être.

    L'image est particulièrement soignée, il se dégage de l'ensemble une vraie énergie et une certaine simplicité qui rendent le film tout à fait regardable (à part quelques scènes un peu trop crues), par ailleurs bien interprété par, en tête donc, Jean-Paul Rouve tout à fait crédible et convaincant, complexe et introverti, qui parle peu mais bien, Claude Brasseur très étonnant, Olivier Gourmet qui a "de la gueule" et la jeune Marie Kremer (déjà vue dans la série Profiler), une révélation.

    Un bon suspense à multiples rebondissements et à l'atmosphère particulière, qui ne restera pas dans les annales et assez vite oubliable, mais tout à fait honnête et qui fonctionne bien, loin d'être désagréable à suivre et qui se laisse voir sans déplaisir ni ennui.


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  • Synopsis : France, ouvrière, vit dans le nord de la France, à Dunkerque avec ses trois filles. Son ancienne usine a fermé et tous ses collègues se retrouvent comme elle au chômage. Elle décide de partir à Paris pour trouver un nouveau travail. Elle va trouver un stage pour devenir femme de ménage. Assez rapidement, elle se fait engager chez un homme qui vit dans un univers radicalement différent du sien. Cet homme, Steve est un trader qui a réussi, il travaille entre la City de Londres et le quartier de la Défense à Paris.


    De Cédric Klapisch avec Gilles Lellouche, Karin Viard et Audrey Lamy                                                 

       Nouveauté


    Mais que dire devant CA ?? parfois je n'ai pas de mot pour décrire une nullité mais parfois je n'en ai pas pour décrire un chef d'oeuvre.

    Ici c'est le cas. Une grande claque qui prend de plus en plus d'ampleur avec le recul et en y réfléchissant à deux fois.

    C'est un film d'un réalisme et d'une justesse incroyables, jonglant entre drôlerie et tristesse, bonheur et souffrance, famille et solitude.

    Cédric Klapisch nous délivre avec une intelligence extrême un scénario dont l'écriture est totalement maîtrisée de bout en bout, nous présentant le portrait de deux êtres (après s'être tourné vers les films "choral" il centre ici son propos autour de seulement deux personnages) que tout oppose et opposés en tous points, tant dans leur façon d'être et de vivre que dans leurs valeurs et principes.

    Deux êtres qui vont finalement se trouver et s'apprivoiser.

    Klapisch maîtrise aussi sa caméra, filme les quais, les rues, les visages avec une vraie lumière, une belle sensibilité, les harmonisant avec une musique magnifique et des chansons additionnelles sublimes, agrémente son drame de scènes drôles et piquantes (Karin Viard qui chante à tue-tête en repassant, s'amusant au supermarché avec ses filles), dialogue son histoire de répliques justes et directes. Il nous égare souvent dans le déroulement de l'intrigue nous amenant sur des chemins de traverse, nous laissant penser que ... pour finalement changer de direction, déroutant et troublant.

    N'ayant pas beaucoup de notions en matière de finance, il a enquêté de façon pointue sur le sujet avant d'écrire le scénario de son film. Il a ainsi lu des livres et des articles, a rencontré plusieurs traders et ouvriers. En comparant les différents points de vue des principaux concernés, le cinéaste a ainsi tenté d'ancrer au maximum sa fiction dans la réalité. Il sait donc de quoi il parle pour s'être documenté, demandant également à ses deux acteurs de s'immerger pour mieux cerner leur milieu social respectif. Le résultat en est époustouflant, d'un cruel réalisme.

    L'image accentue les effets, riche en couleurs, foisonnante et gaie dans le monde de Karin Viard, à l'inverse elle est terne, sobre, grise et froide dans le monde de Gilles Lellouche.

    Tous deux sont absolument AHURISSANTS.

    Gilles Lellouche, je l'aime de plus en plus, ici tour à tour dur puis tendre, strict puis doux, impénétrable et exécrable puis se laissant aller à flancher. J'adore sa façon de froncer les yeux quand il se veut impitoyable puis de les friser quand il se veut attendri. J'adore ses éclats, j'adore ses pétulances, sa pétillance, quand il est odieux, quand il est charmant ... tout ... il prouve qu'il peut tenir les hauts d'affiche et s'impose peu à peu comme incontournable dans le cinéma français.


    Mais c'est Karin Viard qui m'étonne le plus, tant elle est fabuleuse. Quelle actrice, mais quelle actrice !! Elle sait tout faire et nous offre toute sa palette : ses rires, ses larmes, sa joie de vivre, ses souffrances, son coeur, son âme, ses sourires tristes ou joyeux, ses regards baissés ou fiers .. tout .. elle est sensationnelle jusqu'à l'ultime plan magique qui vous tord le ventre.

    Tous deux sont dirigés d'une main de maître par un Cédric Klapisch rigoureux tirant le meilleur d'eux qui ne tarissent pas d'éloges au sujet du réalisateur. "Il met la barre haut : son exigence est à la hauteur de son affection", confie l'actrice, appuyée par son partenaire de jeu : "(...) il sait exactement où il veut vous emmener, avec une précision chirurgicale. Mais il le fait avec une telle délicatesse que la direction n'est plus une direction, elle devient un jeu" (source : allocine.fr).

    Une oeuvre magistrale qui décrit avec beaucoup d'humanité et d'intensité les difficultés des "petits" face aux "grands" très bien expliquées dans la métaphore de la mare aux canards ...

    Cédric Klapish d'expliquer : "J'essaie plutôt de faire de la publicité pour la réalité en disant, en ce moment il vaut mieux arrêter de rêver... (...) Il faut faire du cinéma pour avertir, pas seulement pour divertir" (source : allocine.fr).

    Un film indispensable donc, dont la fin est imprévisible et ouverte, laissant libre cours à toute interprétation et extrapolation. Un film parfois distrayant mais surtout avisé.


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