• UN HOMME IDEAL

    Synopsis : Mathieu, 25 ans, aspire depuis toujours à devenir un auteur reconnu. Un rêve qui lui semble inaccessible car malgré tous ses efforts, il n’a jamais réussi à être édité. En attendant, il gagne sa vie en travaillant chez son oncle qui dirige une société de déménagement… Son destin bascule le jour où il tombe par hasard sur le manuscrit d’un vieil homme solitaire qui vient de décéder. Mathieu hésite avant finalement de s’en emparer, et de signer le texte de son nom... Il devient alors le nouvel espoir le plus en vue de la littérature française, et l’attente autour de son second roman devient chaque jour plus pressante ... 

    De Yann Gozlan avec Pierre Niney et Ana Girardot 

    Sortie le 18 mars 2015

    Attirée essentiellement par le nom de Pierre Niney à l'affiche qui peut désormais porter un film sur ses seules épaules devenues solides et césarisées, je me suis installée en salle sans trop savoir quel type de film j'allais voir ... les quelques lignes du pitch me faisaient irrésistiblement penser au magnifique The Words (avec Bradley Cooper) trop injustement passé inaperçu en France (vu en streaming).

    Je craignais donc une sorte de remake et, par là même, une déception ... 

    Mais alors là, non seulement je n'ai pas du tout été déçue mais, a contrario, je me suis pris une grande claque cinématographique comme je m'en prends rarement et comme j'aimerais m'en prendre plus souvent.

    Yann Gozlan, dont j'avais déjà remarqué le talent réalistique sur son précédent film Captifs, est un orfèvre en la matière, ciselant avec une précision et une rigueur exemplaires son oeuvre magistrale qui s'avère être un diamant brut.

    Brut car assez violent dans son approche et sa construction, dans son déroulement anxiogène, son intrigue qui prend de l'épaisseur de scène en scène, de plan en plan ... l'atmosphère en devient oppressante tandis que le soleil est de plus en plus présent à l'image ... 

    C'est là que le cinéaste montre et démontre ses influences puisées dans le culte Plein soleil ou encore La piscine etc.

    Il est vrai que l'on sent l'inspiration (assumée) dans ses façons de filmer, de lier et délier son histoire, de placer judicieusement les tensions émotionnelles et psychologiques aux bons moments, de prendre le spectateur en otage dans la toile d'araignée qui se tisse autour de son héros pris à son propre piège.

    S'appuyant sur un scénario solide et maîtrisé, diablement bien ficelé, dont l'écriture est d'une densité rare, nette et carrée, et les dialogues directs et profonds, Yann Gozlan nous délivre un grand film qui peut s'inscrire tout naturellement dans la continuité de ses célèbres prédécesseurs du genre ...

    Et l'idée de génie du cinéaste est d'avoir confié le premier rôle à Pierre Niney absolument prodigieux ... l'on sait déjà qu'il est un immense acteur (il ne m'a encore pas déçue - d'ailleurs il faudrait que je vois son Yves Saint Laurent ...) mais il prouve ici qu'il n'est pas que cela ... il sait comme personne rendre un personnage particulièrement antipathique, calculateur, machiavélique et glaçant alors que lui dégage un tel charme, un charisme fascinant, qu'il a une classe folle et un regard ensorcelant auquel il est difficile de résister ...

    Tout comme la réalisation, il est ici singulièrement ambivalent, oscillant sans cesse entre son rôle de séducteur et d'enjôleur et celui, plus dur et incisif, du menteur invétéré qui va mettre le doigt dans un terrible engrenage ... une spirale infernale qui va l'entraîner loin dans l'enfer duquel il ne ressortira pas indemne (la fin fait mal au coeur et ce n'est qu'à l'ultime image que l'on ressent de la peine pour lui ...).

    Au-delà du thriller pur que Yann Gozlan maîtrise totalement, le film s'axe aussi sur la quête de l'identité, la recherche de la reconnaissance voire du bonheur absolu ... mais à quel prix ? son héros va tout mettre en péril, stimulé par la crainte d'être démasqué, pour sauvegarder le peu qu'il a réussi à acquérir, à voler ...

    Le cinéaste s'amuse à jouer avec nos nerfs, alternant les scènes sombres, obscures et intenses avec d'autres où la lumière du soleil est parfois aveuglante, comme une métaphore de son oeuvre qui trouve ainsi des résonances qui peuvent s'appréhender par paliers, degrés et plusieurs lectures ...    

    Et même si Pierre Niney éclabousse tout de son talent monstre, déployant une large palette de nuances irisées, il ne faut pas oublier Ana Girardot qui est tout aussi excellente ainsi que l'ensemble des seconds rôles, Marc Barbé en tête ... 

    La morale que l'on pourrait en tirer, c'est que "bien mal acquis ne profite jamais" ... 

    Voici du grand, du très grand cinéma ... on en ressort profondément troublé, avec un certain malaise qui vous tord le ventre (qui se crispe dès le début d'ailleurs).

    En tout cas, je suis restée scotchée au fauteuil un moment, le temps du générique entier, avant d'être quasiment expulsée de la salle par le personnel !

    A ne manquer sous aucun prétexte ... 


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