• ENEMY

    Synopsis : Adam, un professeur discret, mène une vie paisible avec sa fiancée Mary. Un jour qu'il découvre son sosie parfait en la personne d’Anthony, un acteur fantasque, il ressent un trouble profond. Il commence alors à observer à distance la vie de cet homme et de sa mystérieuse femme enceinte. Puis Adam se met à imaginer les plus stupéfiants scénarios... pour lui et pour son propre couple.

    De Denis Villeneuve avec Jake Gyllenhaal, Mélanie Laurent, Sarah Gadon 

    Sortie le 27 août 2014

     

    Pour appréhender et décortiquer ce film, qualifié par son réalisateur de ludique et énigmatique, il m'a fallu quelques heures voire une journée de recul et de réflexion.

    Sur l'instant, j'avoue avoir été dépitée même déroutée par cette oeuvre totalement atypique, très complexe, à l'atmosphère lourde et anxiogène, qui n'est ni un drame ni un thriller ni rien de vraiment connu à ce jour bien que le thème ait déjà été traité moult fois et de bien meilleure façon, plus nette, plus claire, moins chaotique, moins floue ... 

    J'en étais restée, du duo Denis Villeneuve / Jack Gyllenhall, à l'excellent Prisoners et j'en attendais un autre du même style, s'inscrivant naturellement dans sa lignée.

    Il n'en est rien.

    Celui-ci est long, lent, arythmé, aux dialogues minimalistes, il sollicite en permanence le spectateur qui tente de percevoir les indices, les détails afin de comprendre quelque chose à l'intrigue à double sens, aux symboles qui sont parsemés ça et là ... une sorte de jeu de piste particulièrement compliqué qui réveille les phobies enfouies, les désirs inavoués ... 

    A l'image finale, j'en suis restée ébahie avec un "ça alors ... et donc ? ... j'ai rien compris !" ... bourrée d'interrogations, pétrie de déception ... j'en suis sortie en me disant que c'était un film vraiment nul avec une fin totalement bâclée et inutile ... 

    Mais le truc en fait c'est qu'il vous reste en tête ... longtemps ... il vous martèle l'esprit qui cherche à mettre bout à bout tout ce qu'il a vu à l'écran pour tenter de trouver une explication ... il vous hante ... (est-ce que j'ai bien compris ce qu'il fallait comprendre ? comment puis-je savoir si ce que j'ai compris est ce qu'il fallait comprendre ... ? etc.)

    Après avoir donc maudit Denis Villeneuve (ou l'auteur - José Saramago - du livre "L'autre comme moi" dont le film est l'adaptation) pour m'avoir offert une heure trente de masturbation intellectuelle, je suis à deux doigt de crier au génie.

    Quels que soient les sentiments et les émotions qui vous animent après cette oeuvre troublante et déconcertante, elle ne peut laisser indifférent ... (on adhère totalement ou on déteste prodigieusement mais elle ne suscite assurément pas la tiédeur).

    Sans compter qu'elle est sublimée par la prestation incomparable et intelligente d'un Jack Gyllenhaal qui se dédouble, se démultiplie, donnant du relief et de l'épaisseur à son jeu raffiné ... il est un, il est deux ... mais qui est-il vraiment ? 

    Il y a une analyse pertinente à en tirer et surtout une réflexion qui peut aller loin, très loin.

    Le film mérite incontestablement une deuxième lecture (j'avais ressenti le même malaise après Sixième Sens que j'ai revu ensuite différemment) avec un autre oeil et une autre oreille ... une autre perception ... pour trouver le bout du fil, dénouer le tout, et soudain tirer dessus et c'est alors que tout devient limpide ... trouver la clé ...

    Le moins que l'on puisse dire c'est que l'audace de Denis Villeneuve est payante : son film ne s'oublie pas aussitôt vu ... 

    Il se mûrit, il se médite, il s'approfondit ... 

    Je pense toutefois qu'il faut être en de bonnes dispositions pour le visualiser (et l'interpréter) dans de bonnes conditions ... 


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