• JE N'AI RIEN OUBLIE

    Synopsis : Depuis des années, Conrad Lang vit aux crochets de la riche famille Senn. D’abord camarade d’enfance de Thomas, puis gardien de leur maison de vacances à Biarritz, ils l’utilisent comme bon leur semble et lui s’en satisfait. Mais lorsque son état de santé se dégrade, lorsqu’il se met à raconter à Simone, jeune épouse de l’héritier Senn, des souvenirs d’enfance qui ne collent pas tout à fait à l’histoire officielle de la famille, Elvira, la matriarche, se montre étrangement menacée. Comme si ce vieux fou inoffensif portait en lui les moyens de la détruire. C’est alors qu’entre Conrad et Simone va naître une amitié étrange, amenant la jeune femme à faire face, pour lui, à une Elvira bien plus dangereuse qu’il n’y paraît.

    De Bruno Chiche avec Gérard Depardieu, Alexandra Maria Lara, Niels Arestrup, Nathalie Baye et Françoise Fabian

    Sortie le 30 mars 2011

     

    Bon, je vous l'avoue tout de go, Gérard Depardieu me débecte. Il est trop gros, trop lourd, trop pataud, trop tout. Mais il faut bien admettre qu'il est toujours un sacré acteur.

    Ce film peine toutefois à démarrer, s'étend, s'étire, lent et empesé mais peu à peu le suspense s'épaissit, les secrets de famille se dévoilent et les souvenirs confus pour les uns, nets et précis pour les autres recèlent bien des mystères jusqu'à une révélation finale inattendue.

    Ici, la jeune Simone est comme l'enquêtrice qui va aider Conrad à retrouver la mémoire, ou tout du moins des bribes de son passé, pour retracer le fil de sa vie et raccrocher un peu les wagons.

    Dans un décor splendide, au coeur d'une demeure somptueuse entourée d'un parc immense, les uns et les autres s'affrontent, se déchirent.

    Bruno Chiche adapte le roman de Martin Suter d'une bien jolie plume, évoquant avec beaucoup de pudeur et de retenue la terrible maladie d'Alzheimer dont son héros est atteint réveillant des souvenirs de petite enfance enfouis tout en effaçant les plus récents, voire immédiats.

    Voici un sujet particulièrement sensible traité avec intelligence, à l'image soignée, aux atmosphères parfois chaleureuses (la maison d'amis est bien accueillante a contrario de la maison familiale froide et gigantesque aux couloirs tristes et interminables) parfois glaciales (les scènes de neige et de froideur) aux contrastes marqués entre ceux qui cherchent à cacher et ceux qui cherchent à savoir.

    Gérard Depardieu dégage une force fragile, il est un mastodonte qui s'égare bien souvent dans sa tête ou dans la rue, qui tombe puis se relève, qui se perd puis se trouve, et qui s'avère être le plus solide de tous. Au fur et à mesure que les masques tombent, lui semble y puiser sa force.

    Bruno Chiche explore avec beaucoup de justesse les douleurs et tourments de ses personnages, s'attardant également sur le portrait de la jeune Simone sublimement incarnée par la jeune Alexandra Maria Lara, magnifique et lumineuse. Une jeune actrice qui me fait un peu penser à Audrey Dana, au physique atypique et pas du tout stéréotypé, radieuse et éblouissante. Elle apporte beaucoup de fraîcheur et de douceur au film, donnant toute sa tendresse à cet homme qui la trouble plutôt qu'à son mari un peu trop absent.

    Françoise Fabian (extraordinaire en mère matrone inflexible et acariâtre se complaisant dans le mensonge et l'hypocrisie) et Niels Arestrup (découvrant la vérité avec horreur et stupéfaction) sont tous deux formidables mais ça n'est pas un scoop, on le sait depuis longtemps.

    Un joli film de famille parfois un peu lent et figé, "chabrolien" dans le style sans toutefois égaler le maître du genre, ni vraiment mal ni vraiment bien (la réalisation est un peu trop classique et conventionnelle à mon goût) mais juste et émouvant, même s'il ne tire pas les larmes, qui ne restera peut-être pas dans les mémoires (!!!) mais qui a le mérite d'être sincère et profond, en abordant un sujet difficile, utilisant la maladie d'Alzheimer "non comme la cause d'une inexorable plongée dans la vieillesse, mais comme l'agent d'un non moins inexorable retour vers l'enfance" (Alain Riou)

    A voir toutefois pour l'excellence des acteurs, la présence de Nathalie Baye qui illumine l'image et les séquences finales poignantes.

    Et pour sa morale indéfectible : "Plus on vieillit, plus le passé se rapproche / sera proche" ...


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