• POLISSE

    Synopsis : le quotidien des policiers de la BPM (Brigade de Protection des Mineurs) et comment ces policiers parviennent-ils à trouver l’équilibre entre leurs vies privées et la réalité à laquelle ils sont confrontés, tous les jours.

    De Maïwenn avec Marina Foïs, Karin Viard, Joey Starr, Karole Rocher, Nicolas Duvauchelle, Emmanuelle Bercot

    Nouveauté

    Maïwenn, récompensée à Cannes, méritait sans nul doute son prix qu'elle n'a pas volé. Son film est une plongée dans le réel et le réalisme d'une brigade de policiers qui luttent contre tous les fléaux subis par les enfants. Ici, elle s'attache à tenter d'aborder différents cas de figures, tous plus abominables les uns des autres (mais jusqu'où peut aller la perversion ?), par le biais d'une caméra intrusive mais discrète que les acteurs semblent oublier.

    En ressort une œuvre investigatrice qui oscille en permanence entre documentaire et fiction, trouvant un juste équilibre entre les scènes à l'intérieur du commissariat et celles (collectives ou intimes) de la vie privée des protagonistes. Parfois, toutefois, on se dit que ces scènes semblent superflues et inutiles et en fait elles constituent un sas de décompression, font respirer le film qui sans cela serait insupportable et anxiogène. Car après certains passages particulièrement difficiles suivent des scènes drôles où le rire remplace les larmes.

    Le film est dur, très dur, ardu, intense. Le scénario est habile et brillant, donnant vie à des personnages forts et faillibles, les dialogues sont crus, criant de vérité, les mots sont assenés comme des coups de poignard lors des interrogatoires éprouvants, certaines séquences sont même réellement pénibles et psychologiquement insoutenables, l'atmosphère est pesante tant on souffre pour les jeunes victimes qui toutes suscitent l'empathie.

    Cependant, j'ai été gênée par un montage un peu trop sec et abrupt, incisif, qui donnerait presque le tournis, comme si la jeune réalisatrice avait un peu trop coupé à la va-vite son film qui en perd de la fluidité (la version initiale durait trois heures et il a fallu amputer et faire des choix, cela se ressent un peu trop dans la première partie qui est un peu fouillis et chaotique). J'avais déjà remarqué cela dans son sublime Bal des actrices, que j'impute à un défaut de jeunesse et d'impétuosité, voire à l'impétuosité de sa jeunesse. Mais parallèlement, cela confère au film une exaltante énergie et une rafraîchissante modernité.

    Mais Maïwenn a l'intelligence d'étirer peu à peu ses scènes pour donner de l'épaisseur à ses personnages, profonds et justes, les filmant souvent au plus près jusqu'à décortiquer les plus fines expressions de leurs visages. Car ce qui donne la vraie force à ce film est l'excellence des acteurs qui ont été intégrés plusieurs mois au sein d'une brigade de policiers pour mieux s'imprégner du métier et le retransmettre avec crédibilité à l'écran. Ils ont appris les techniques d'interrogatoire et la vie en groupe.

    Et tout ce travail en amont se sent dans chaque plan.

    Véhiculé par une bande d'acteurs sublimissimes.

    Karin Viard est encore une fois exceptionnelle. Elle est mon actrice française préférée, elle a une incroyable palette de jeu. Avec Marina Foïs également magnifique ici, elle forme un duo très attachant. Toutes les deux dominent un casting haut de gamme : Nicolas Duvauchelle (toujours bien ...), Joey Starr étonnant, Sandrine Kimberlain poignante, Karole Rocher et Emmanuelle Bercot qui cosigne le scénario (à noter la participation d'Audrey Lamy et plein d'autres comédiens de premier plan). Maïwenn se réserve un rôle (mais était-il bien utile et pertinent ? surtout qu'elle n'a pas l'air très douée en photographie, elle prend de bien curieuses postures par moments, elle est gauche et timorée !!) en demi-teinte, en retrait, et on apprécie son humilité et la délicatesse dont elle fait preuve de laisser la priorité aux autres acteurs qui délivrent des remarquables prestations.

    Un film qui touche là où ça fait mal, délibérément moralisateur et dénonciateur, dérangeant et provocateur, plein de sincérité, d'humanité et de spontanéité, mais surtout plein d'amour. Malgré des instants de faiblesse et quelques maladresses, il est porteur d'un message important et il ne faut pas passer à côté. Il n'a certes pas la prétention d'apporter des éclaircissements sur les cas abordés ou d'y décrire les suites judiciaires (quoique si vous êtes un tant soit peu attentif certaines images vous donnent certaines réponses) mais il présente un patchwork captivant de portraits touchants (tant des victimes que des policiers qui les assistent) ; et tente d'expliquer comment les difficultés rencontrées dans la pratique de leur profession ont un impact sur la vie personnelle de ces policiers.

    La fin est claquante et vous cloue à votre fauteuil, et vous avez bien du mal à vous en sortir, plombé par les émotions qui se sont accumulées en vous et par le générique illuminé de rires d'enfants qui allègent l'ultime plan.

    Saisissant, bouleversant, percutant et édifiant. Et douloureusement entêtant.


  • Commentaires

    1
    Elo
    Dimanche 23 Octobre 2011 à 15:29
    ...
    Rien à dire je suis encore "dans ce film" par la pensée... J'ai vraiment adoré. J'y retournerai bien tiens!! Par contre ta phrase n'est pas terminée lol
    2
    Dimanche 23 Octobre 2011 à 17:31
    réponse
    voilà mon bulletin est terminé (17h30 ...) ... tu l'as lu avant qu'il ne soit fini ... !!!!! en fait la prochaine fois attends que je poste le lien sur FB là tu sauras qu'il est fini ... merci mon Elo ...
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