• THE ARTIST

    Synopsis : Hollywood 1927. George Valentin est une vedette du cinéma muet à qui tout sourit. L'arrivée des films parlants va le faire sombrer dans l'oubli. Peppy Miller, jeune figurante, va elle, être propulsée au firmament des stars.

    De Michel Hazanavicius avec Jean Dujardin et Bérénice Bejo

    Nouveauté

    Au même titre (ou pas) de ne pas trouver les mots pour décrire un navet, il est parfois tout aussi difficile de les trouver pour parler d'un chef d’œuvre.

    Après six mois d'attente, j'avais peur d'être déçue. Oh que non ! Je dirais même plus, quelle divine surprise que l'émotion qui m'a étreinte de la toute première à la toute dernière image, et même après la fin du générique je sentais encore les papillons dans le ventre, j'avais la gorge serrée, je me suis essuyé les yeux, et j'étais tétanisée au fond de mon fauteuil par tant de génie(s).

    Car, j'ai immédiatement été prise au dépourvu par le charme désuet qui se dégage de ce film si original et atypique où le réalisateur transmet l'ambiance des films hollywoodiens des années 1920-1930 avec brio et totale maîtrise alors que le genre aurait pu être vite rébarbatif et soporifique. Mais là nul ennui, à aucun moment ... bien au contraire ...

    De nos jours où la 3D, l'IMAX et autres techniques inimaginables pour effets spéciaux époustouflants règnent, prendre le risque et avoir le culot de réaliser, monter, produire (merci Thomas Langmann), interpréter un film en 4/3, en noir et blanc et totalement muet, c'est parier gros. Mais là franchement le pari est plus que gagné, et pas seulement grâce à la Palme on ne peut plus méritée de Jean Dujardin. J'oserais même dire que cette Palme n'était pas forcément nécessaire pour promouvoir le film qui se suffit à lui-même. Mais je suis si heureuse de cette immense récompense pour Jean Dujardin que j'aime depuis tant d'années et que je considère comme le meilleur acteur du monde (et je suis fière de constater que je ne m'étais pas trompée et que de plus en plus de personnes pensent comme moi ...) (et je le lui ai dit un jour et j'espère qu'il s'en souvient en souriant ...) ...

    Ce chef d’œuvre s'auréole surtout d'une réalisation magistrale, d'une photographie et d'une image super soignées et d'une netteté parfaite, où les ombres et les lumières prennent une importance primordiale, où toutes les nuances de gris sont déclinées en fonction de la dramaturgie de la scène, des positions des corps, des visages, où le noir est particulièrement sombre et le blanc singulièrement scintillant permettant des contrastes très marqués, où à nul moment il n'y a de blessures dans le grain, de rayures, de poussières.

    Michel Hazanavicius sait filmer et mettre en scène, et ici où il n'y a aucun dialogue pour faire avancer l'histoire (ou si peu, en quelques plages d'écriture - s'il y en a une trentaine dans tout le long métrage de 1 h 40, c'est le bout du monde, et c'est finalement amplement suffisant, on oublie très vite que le film est muet tant on est séduit et captivé par l'intrigue et son bien étrange déroulement), il convenait de s'appuyer sur des scènes parlantes, sur une musique évocatrice voire descriptive, sur des séquences où les silences prennent une vraie dimension et un vrai sens (quand soudain il n'y a ni parole, ni son, ni musique ça vous prend aux tripes je vous le jure ...), et sur des interprètes exceptionnels.

    Et il a su donc trouver un compositeur de talent en la personne de Ludovic Bource qui a eu le don de saisir la juste harmonie entre la musique et l'image, il a su trouver deux acteurs phénoménaux qui magnifient le tout et un chien génialement doué.

    Comment parler de la prestation de Jean Dujardin, ici en ersatz hybride entre Rudolph Valentino et Douglas Fairbanks, sans être bêtement et fatalement dithyrambique ? Parce que là, je peux juste dire WOUAOUH ... ce mec est absolument prodigieux ... lui seul a la capacité à être tout aussi excellent en plans serrés sur son visage terriblement expressif (les mouvements des yeux, des sourcils, des sourires, des cris sont ahurissants de justesse) qu'en plans larges où il fait parfois hurler parfois onduler son corps impeccablement alluré, raffiné ... la métamorphose qu'il propose entre le début du film où il est arrogant et suffisant, pour ensuite plonger dans la dépression et la déchéance est hallucinante ... cet acteur est un génie, un pur génie ...

                      

    Et puis, il est accompagné d'une comédienne tout aussi brillante et je ne comprends pas pourquoi on en parle moins (bon oui elle n'a pas été récompensée à Cannes mais elle aurait dû ...). Elle est lumineuse, ravissante, son visage est radieux, ses larmes sont cristallines, elle est délicate, d'une grande classe et superbement habillée et mise en valeur.

    Bref, ce chef d’œuvre est déjà culte, s'agrémentant de scènes et d'images mythiques, d'un esthétisme d'une admirable pureté, d'une séquence finale à couper le souffle (je choisis volontairement cette expression) qui a nécessité de nombreux mois d'entraînement et qu'on aurait voulu bien plus longue tant on est fascinés par la performance qui n'est pas sans rappeler celles du célèbre couple Fred Astaire & Ginger Rogers.

    Michel Hazanavicius est un virtuose de la plume et de la caméra, un perfectionniste pointilleux, un excellent directeur d'acteurs et nous offre une comédie extra ordinaire (en deux mots distincts), extra hors normes, extra hors temporelle, éblouissante et enthousiasmante, pleine de clins d'oeil et de références, et paradoxalement d'une incroyable modernité dans sa remarquable réalisation. Le cinéaste a su, avec une audacieuse impertinence, mettre au profit d'un film d'antan les moyens techniques d'aujourd'hui sans en altérer sa substance ni dénaturer son style ...

    Une romance poétique et terriblement poignante qui m'a fait pleurer (et rire aussi car l'humour n'est pas absent ...).

    Un hommage unique, magique et magnifique au septième art.

    UN PUTAIN DE CHEF D'OEUVRE IMMANQUABLE.


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