• THE LADY

    Synopsis : "The Lady" est une histoire d’amour hors du commun, celle d’un homme, Michael Aris, et surtout d’une femme d’exception, Aung San Suu Kyi, qui sacrifiera son bonheur personnel pour celui de son peuple. Rien pourtant ne fera vaciller l’amour infini qui lie ces deux êtres, pas même la séparation, l’absence, l’isolement et l’inhumanité d’une junte politique toujours en place en Birmanie. "The Lady" est aussi l’histoire d’une femme devenue l’un des symboles contemporains de la lutte pour la démocratie.

    De Luc Besson avec Michelle Yeoh et David Thewlis

    Nouveauté

    Dieu sait combien j'adore Luc Besson ! Que Dieu me pardonne ...

    Car ici je n'ai rien retrouvé de ce que j'aime de cet immense réalisateur, un des meilleurs "techniciens" que nous avons en France actuellement.

    Bizarrement et paradoxalement, alors que la réalisation est tout sauf "bessonnienne", ce film serait presque son plus personnel, car malgré tout on sent qu'il y a mis tout son cœur et qu'il s'y est totalement investi. C'est l'actrice Michelle Yeoh qui a proposé au cinéaste le scénario de The Lady. Bien qu'il ait beaucoup aimé le parcours de cette femme qu'il connaissait à peine, le réalisateur a suggéré quelques modifications au scénario original, écrit par Rebecca Frayn (et non par Besson lui-même comme souvent) qu'il considérait trop "documentaire" : "On l'a retravaillé pendant plusieurs mois pour lui donner un côté plus ample et plus "cinématographique". Pour crédibiliser et rendre plus passionnante encore son histoire, il me manquait aussi la présence d'un "méchant"."

    Là où je serais circonspecte sur ce film c'est que justement ce scénario me paraît fort simpliste et simplifié, déséquilibré, manquant de souffle et de profondeur, et même si Besson avoue avoir voulu privilégier l'histoire d'amour au parcours politique de son héroïne, la romance prend trop le pas sur ce qui aurait été le plus intéressant, surtout pour les profanes. Je ne connaissais jusqu'alors rien (ou si peu de choses) de cette femme (Prix Nobel de la Paix en 1991) et de la Birmanie, et je n'en connais après ce film pas tellement plus. On dirait presque un recueil de "La Birmanie pour les nuls", une vulgarisation de l'histoire importante de ce pays et de celle de Aung San Suu Kyi, secrétaire générale de la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND) opposée à la dictature en place et qui remporte les élections générales en 1990, élections annulées par la junte. Elle ne peut exercer son activité politique, étant placée en résidence surveillée (elle y restera plus de 15 ans) par la junte militaire au pouvoir mais bénéficie d'un important soutien international.

    Alors certes le point d'orgue de ce film est justement le dilemme que vit Suu, partagée entre son devoir patriotique et son amour pour son mari et ses enfants. Mais il est dommage qu'il soit exploré un peu trop longuement au détriment de son combat politique. Certes, Luc Besson définit clairement son film en expliquant que son but était de mettre en lumière la femme et non la combattante. Mais je trouve ça justement presque trop facile comme démarche. En fait, il s'avère que c'est une "petite" histoire d'amour sur fond de "grande" Histoire (avec un grand H) d'un pays. Et moi, vierge de toute promotion avant d'entrer dans la salle, je pensais naïvement que ce serait le contraire.

    Déçue également - et surtout - d'une réalisation un peu trop linéaire et sans relief, comme éteinte et plane, et pourtant c'est ce qui m'a incité au départ à aller voir ce biopic. Besson qui d'habitude met dans ses films un vrai rythme, une belle énergie, moult effets de caméra et idées fabuleuses sur ses images et dans chaque plan, semble ici avoir oublié qu'il était réalisateur, comme s'il était écrasé par le poids de son héroïne, se contentant de filmer (bon toujours bien cela reste très agréable à regarder par une photographie extrêmement travaillée et des reconstitutions minutieuses de la demeure et de certains décors birmans indispensables à la crédibilité historique et géographique) ses personnages dans un contexte un peu rigide. Bien qu'il ait rencontré les difficultés qu'on s'imagine pour réaliser ce film (certaines scènes se déroulant à Rangoon ont été réalisées en caméra cachée), tourné essentiellement en Thaïlande aux frontières de la Birmanie qui lui a refusé les autorisations nécessaires, et donc sujet à ma plus grande indulgence, je m'attendais toutefois à une fresque plus grandiose et spectaculaire. Ici, l'ennui pointe son nez par moments, c'est un peu long et lent, et certaines séquences s'étirent indéfiniment.

    Cependant, l'émotion est par instants palpable grâce à la partition d'Eric Serra mais surtout et essentiellement à l'interprétation lumineuse et magistrale de Michelle Yeoh qui s'est impliquée énormément dans son rôle. Elle fut la seule à obtenir un visa d'entrée en Birmanie (depuis interdite de territoire), a pu parler à la vraie Aung San Suu Kyi, s'est imprégnée du personnage en visionnant des heures d'images d'archive, a appris le birman, a mis un point d'honneur à reproduire parfaitement les gestuelles et attitudes, ses manières de s'exprimer, jusqu'à être bluffante de ressemblance.

    David Thewlis est également poignant et j'ai beaucoup aimé sa prestation toute en nuances.

    Le film est sauvé par les deux acteurs, Michelle Yeoh trouvant là sans nul doute le rôle de sa vie et qui mériterait d'être césarisée pour tout son travail tant en amont qu'en aval, pour sa détermination, son implication, sa fougue et ses regards pleins de résolution.

    Aung San Suu Kyi a été libérée en novembre 2010 pendant le tournage et sa libération a failli dissuader Besson de persévérer, déstabilisé, car son intention première par ce film était d’accélérer sa libération, mais le cinéaste a finalement choisi de le terminer (elle est toujours limitée dans ses déplacements puisque son pays lui refuserait d'y entrer à nouveau si elle venait à le quitter) et, réflexion faite, malgré ma légère déception, il a bien fait car ce film a pour lui le mérite de nous présenter le destin d'une femme exceptionnelle, la situation d'un pays actuellement dans une sorte de "démocratie militaire" que les médias ont un peu trop tendance à éluder et de témoigner des horreurs qui s'y sont déroulées et s'y déroulent encore.

    Ce n'est pas son meilleur film pour moi, on dirait presque ... le film d'un autre !!!!!

    Mais Luc Besson restera toujours Luc Besson avec ses chefs d'oeuvre et ses ratés.

    Celui-ci se positionne entre les deux.

    Mais son image finale est absolument sublime et clôture magnifiquement cet hymne à la liberté.


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