• THIS MUST BE THE PLACE

    Synopsis : Cheyenne est une ancienne star du rock. A 50 ans, il a conservé un look gothique, et vit de ses rentes à Dublin. La mort de son père, avec lequel il avait coupé les ponts, le ramène à New York. Il décide de poursuivre, à travers l'Amérique, la vengeance qui hantait son père.

    De Paolo Sorrentino avec Sean Penn, Frances McDormand et Harry Dean Stanton

    Sortie le 24 août 2011

    Voici une œuvre totalement originale, atypique et sensationnelle (juste envie de rester dans le(s) sens ou l'essence, ou encore mieux l'essentiel).

    Sean Penn s'avère le principal attrait de ce film, il est incroyable et insaisissable, promenant sa silhouette dégingandée et son allure désinvolte avec l'air débonnaire d'un clown un peu triste et déprimé. Pour mieux capter l'intensité de son jeu, mieux vaut voir ce film en version originale - ce que j'ai finalement fort apprécié alors que j'y suis d'habitude quelque peu réfractaire - car l'acteur nuance énormément sa voix, s'appuyant sur des phrasés traînants et des façons de s'exprimer nonchalantes (on dirait presque Droopy par instants fugaces !!) autant que sur ses attitudes pataudes et ses gestes tout en lenteur, ses regards lourds de sens et ses absences de réponse - qui en disent long - par un souffle sur sa mèche tombante. Sean Penn est à mon sens un des meilleurs acteurs de sa génération et campe avec majestuosité un personnage excentrique, insolite, inattendu, oscillant en permanence entre ironie et gravité, insouciance et détermination, le rendant terriblement attachant.

    Paolo Sorrentino propose une réalisation en phase avec son héros : étrange et inclassable, une idée par plan, une manière de filmer et de placer la caméra qui n'est pas sans me rappeler un peu le style de Bagdad Café ou encore de Paris Texas. Le cinéaste nous offre une image épurée, un film entièrement déparasité, se focalisant surtout sur ses personnages pittoresques (les interprétations secondaires de Harry Dean Stanton ou encore Eve Hewson, la fille de Bono (U2), sont très justes).

    J'ai toutefois regretté quelques flottements dans la seconde partie (lorsque le héros quitte l'Irlande pour les Etats-Unis), des petits instants un peu ralentis ou suspendus qui cassent la cadence volontairement languissante - mais pas ennuyeuse une seconde - que le réalisateur a su imposer, baladant le spectateur dans un road-movie fort singulier rempli de bien jolies réflexions sur l'amour et sur la vie, rempli d'un charme rare où pointent par moments de la magie et de la poésie.

    Le dialogue est plein d'humour et de tendresse (la relation entre Cheyenne et sa femme, le pilier du couple, interprétée par l'émouvante Frances McDormand est très belle, ainsi que celle entre la jeune mère et son fils) et même si la seconde partie patine un peu et que la fin est un peu dure, elle conclut magnifiquement cette œuvre intense qui vous laisse un peu claqué dans votre fauteuil pendant le générique final (encore une superbe chanson à écouter ... d'ailleurs toute la bande musicale est splendide). Il faut dire que la toute dernière scène vous scotche.

    Un grand moment de cinéma, d'une classe folle, sensible et intelligent, étrange, savoureux et sublime.


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