• UNE PURE AFFAIRE

    Synopsis : David Pelame a la quarantaine. Il est marié à Christine depuis assez longtemps pour avoir oublié qu’ils s’aimaient autrefois. Il a deux enfants avec qui la communication se fait de plus en plus rare. Professionnellement, David n’est jamais devenu le grand avocat associé d’un cabinet de renom qu’il rêvait d’être mais plutôt un simple gratte-papier qui excelle dans les tâches les plus rébarbatives. Bref, la vie de David ne fait pas rêver. Si on avait un conseil à lui donner ?… Ce serait qu’il se ressaisisse. C’est ce qu’il va faire, en découvrant, le soir de Noël, une valise pleine de cocaïne et un téléphone croulant sous les appels de clients. David pense alors avoir trouvé le moyen de relancer sa vie. Si on avait un second conseil à donner à David ? … Ce serait qu’il y réfléchisse à deux fois.

    De Alexandre Coffre avec François Damiens, Pascale Arbillot et Laurent Lafitte                                         

    Nouveauté

     

    Une comédie pas de franche rigolade mais excelllement bien écrite où un couple au bord de la crise trouve un moyen peu orthodoxe de redonner du piment à sa triste vie qui va à vau-l'eau.

    Sans nous tirer de vrais fous rires salvateurs (c'est une comédie pas un film comique), le film jubilatoirement amoral fait bien souvent sourire face aux situations cocasses et rocambolesques que provoquent les deux héros à la recherche d'un second souffle pour sauver leur mariage. Le moyen n'est qu'un déclic pour eux, qui va les conduire certes à l'illégalité mais tout à la fois à une certaine légitimité touchante qui les rend particulièrement empathiques. Totalement irresponsables et inconséquents (la scène au commissariat avec le fiston (très bon les deux gamins Nicolas Boulifard et Anne Duverneuil) est très drôle), ils vont tomber peu à peu dans un terrible engrenage duquel ils vont devoir se sortir sans trop de casse.

    "La drogue, qui n’est jamais évoquée dans le film de façon festive ou incitative, est un prétexte scénaristique. (...) Je voulais raconter des personnages, traiter leurs fêlures, m’attarder sur leurs moeurs", explique le réalisateur qui nous présente surtout l'histoire d'une famille. "Les gens ont envie de braver les interdits, mais heureusement ne le font pas. En revanche lorsque quelqu’un le fait, ils l’envient presque car les temps sont difficiles et la morosité gagne du terrain tous les jours. (...) Il y a quelques années, j’aurais sans doute versé dans le spectaculaire, l’extraordinaire... Aujourd’hui, on a plus envie de tordre le cou au quotidien avec des gens qui sont proches de nous." (allocine.fr)

    Même s'il lui manque un brin de cynisme, le scénario est grinçant et finement aiguisé. Les dialogues savoureux et le montage nerveux donnent  par ailleurs un sacré cachet à cette comédie bien troussée et intelligemment menée tambour battant, de rebondissement en rebondissement, jusqu'à un final amusant qui boucle parfaitement cette oeuvre a priori simple et légère qui ne l'est en fait pas du tout.

    Au contraire, j'y perçois une vraie étude de moeurs juste et réaliste, même si ça dérive par moments du côté du pur burlesque, interprétée par trois très bons comédiens : François Damiens n'en fait pas des tonnes et est même plutôt convaincant en mari dépassé par les événements, il dégage beaucoup de tendresse et de spontanéité, Pascale Arbillot est toujours excellente, hilarante quand elle pique ses crises (le potentiel de cette actrice est énorme) et Laurent Lafitte étonnant en collègue odieux, à mille lieues de son rôle des Petits Mouchoirs, film dans lequel j'ai découvert cet acteur.

    Alexandre Coffre "aligne" par petites "doses" subtiles les traits d'humour, un certain ton décalé, de très bonnes répliques (François Damiens est fort bien servi par sa partition) et des scènes plutôt bien réalisées et mises en lumière. Même si on n'est ni dans un thriller ni dans un film d'action, on y trouve un vrai style, beaucoup d'idées et d'originalité, une vraie rythmique. "Le talent d’Alexandre est de ne pas chercher le rire pour le rire. Il ne provoque rien," raconte François Damiens, approuvé par Pascale Arbillot  : "(...) j’ai été très étonnée par sa maîtrise technique. Il travaille vite et bien."

    Sans être dans l'esbrouffe, le film affiche toutefois une certaine ambition, celle tout du moins de divertir son public en l'alertant sur les dangers de la drogue, à sa manière, d'une façon détournée et par le petit bout de la lorgnette. En mettant le doigt sur les travers d'une société en crise. En touchant avec une certaine délicatesse à un sujet tabou rarement traité par ce biais-là.

    Une bonne dope que voilà. Et avec le recul (je l'ai vu hier), je me demande même si je ne l'apprécie pas encore plus qu'au moment M.


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