• UN PEU, BEAUCOUP, AVEUGLEMENT

    Synopsis : Lui est inventeur de casse-têtes. Investi corps et âme dans son travail, il ne peut se concentrer que dans le silence. Elle est une pianiste accomplie et ne peut vivre sans musique. Elle doit préparer un concours qui pourrait changer sa vie. Ils vont devoir cohabiter sans se voir ...

    De Clovis Cornillac avec Clovis Cornillac, Mélanie Bernier, Lilou Fogli

    Sortie le 6 mai 2015

    Il est de ces films dont on ressort tout simplement émus et heureux ... de ces films qui vous laissent cette petite boule au fond de la gorge vous faisant comprendre que vous avez tout bonnement adoré et qui vous fait sortir de la salle le pied léger et alerte ... 

    Celui-ci en fait partie. Sans nul doute.

    Ecrit par Lilou Fogli, réalisé par Clovis Cornillac qui signe sa première oeuvre, cette comédie puise son essence dans la magie qu'elle dégage.

    L'on passe du sourire, au rire franc (le premier quart d'heure est hilarant) puis aux larmes sans rien n'avoir vu venir, ni pressenti ... 

    Le sujet était somme toute assez casse-gueule, car très théâtral, et il fallait bien du culot pour s'attaquer à une telle mise en scène en quasi huis-clos ... mais Clovis Cornillac sait capter les moments choisis, trouver des angles et plans astucieux pour casser la linéarité et l'étroitesse de l'espace ... (les humeurs et la place des lits changent toutes les dix minutes ...) ... 

    Il s'appuie surtout et avant tout, et avec une confiance absolue, sur une écriture brillante (Lilou Fogli est sa compagne à la ville), rehaussée d'excellents dialogues piquants et drôles, délivrés d'une bien belle manière par un quatuor d'acteurs assez hétéroclite.

    Car, si l'on se régale des interprétations magistrales de Mélanie Bernier, qui justement se caractérise par sa voix brisée singulière et sensuelle, et de Clovis Cornillac (que je n'aime habituellement pas dans la comédie), l'on ne peut ignorer Lilou Fogli et Philippe Duquesne absolument géniaux.

    Alors ce n'est peut-être pas le chef d'oeuvre du siècle, mais le charme agit, ça pète et pétille, ça fait des bulles de champagne ... et puis l'émotion vous étreint à la fin où j'ai lâché ma larmichette ... 

    Un film délicieux, plein de grâce, de délicatesse, de sincérité, de fraîcheur et d'humilité ... ça fait du bien ... 

    Sans oublier d'évoquer la bande musicale de toute beauté  (même sans être mélomane, on ne peut qu'apprécier). 

    J'ai adoré ... une vraie réussite ... 

     


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  • LE TALENT DE MES AMIS

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     Synopsis : Alex et Jeff, collègues de bureau dans une multinationale, sont aussi les meilleurs amis du monde depuis le lycée. Avec leurs femmes respectives, ils forment ensemble presque une famille, qui se fraye un chemin dans la vie, tranquillement, doucement, sans grande ambition. Pourtant, l'arrivée de Thibaut, conférencier et spécialiste en développement personnel, ne va pas tarder à mettre à mal leur équilibre pépère. Et pour cause, Thibaut est un ami d'enfance d'Alex.

    De Alex Lutz avec Alex Lutz, Bruno Sanches, Audrey Lamy, Anne Marivin et Tom Dingler

    Sortie le 6 mai 2015

     

    Dans la série "films sur l'amitié", voici donc celui-ci qui n'a rien à voir avec le précédent, à part donc le thème principal.

    En effet, nous pouvons découvrir la toute première oeuvre écrite, réalisée et interprétée par Alex Lutz, un surdoué de l'humour ... 

    D'humour, la comédie n'en manque pas même si on ne rit jamais vraiment.

    Mais, telle ne semblait pas être l'ambition de l'acteur.

    L'on sent dans sa plume l'envie de dépeindre, tout en nuances et en demi-teintes, des portraits de types paumés, mal dans leur peau, pas vraiment heureux, pas vraiment malheureux, cherchant surtout leur place et leur identité au sein de la société et de leur couple.

    Le ton est plutôt original et la mise en scène assez inventive, même si la voix off est dispensable ... 

    Bien que Alex Lutz fait preuve toutefois d'un certain narcissisme (omniprésent ... ayant surtout le premier et beau rôle), il a suffisamment de dérision et d'auto-dérision pour que ça passe sans que l'on s'agace d'un tel orgueil.

    C'est qu'il en a du talent .... 

    Il a aussi, et surtout, celui de s'être entouré de grandes pointures. Si la révélation Tom Dingler (le fils de Cookie ^^) est une vraie surprise, il n'en reste pas moins que les autres comédiens sont tous excellents.

    Bruno Sanches avec ses airs de chien battu et d'ahuri de la bande, qui va s'avérer être, pourquoi pas, celui par qui la lumière arrive, est très attachant ... 

    Mais, celles qui dominent la troupe sont les actrices ... Audrey Lamy, même si elle reste dans son registre de prédilection, est pétillante et solaire, Anne Marivin se bonifie avec le temps devenant fabuleuse, lumineuse (c'est la meilleure ici, assurément) ... mais celle qui propose un vrai rôle de composition, hilarante, étonnante est Sandrine Testud, méconnaissable, dans tous les sens du terme ... une mention spéciale pour elle ... la seule d'ailleurs qui a su me faire rire ... sans oublier la sublime Julia Piaton ... 

    On se surprend à avoir un petit pincement au coeur à la fin, même si elle est carrément gnan gnan à souhait.

    Mais le contrat est rempli pour Alex Lutz .... une comédie qui s'oublie vite mais qui offre un très bon moment de détente voire de réflexion ... sauvée par une écriture brillante et une interprétation remarquable de tous ... 

    Le bilan est donc plutôt positif malgré quelques maladresses de débutant dont on aurait pu aisément se passer ... comme toujours avec les premiers films, le réalisateur a voulu, comme en état d'urgence, tout y mettre, en vrac et sans cohérence, ce qui peut parfois être déroutant ... il faut avouer qu'il est quelque peu confus et déséquilibré, offrant tout à la fois du bon comme du moins bon ... 

    Cependant, avec le recul, j'arrive à penser que le film est plutôt très bien ... le charme finalement opère ... 


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  • ENTRE AMIS

     

    Synopsis : Richard, Gilles et Philippe sont amis depuis près de cinquante ans. Le temps d'un été, ils embarquent avec leurs compagnes sur un magnifique voilier pour une croisière vers la Corse. Mais la cohabitation à bord d'un bateau n'est pas toujours facile. D'autant que chaque coupe a ses problèmes et que la mété leur réserve de grosses surprises. Entre rires et confessions, griefs et jalousies vont remonter à la surface.

    De Olivier Baroux avec Gérard Jugnot, Daniel Auteuil, François Berléand, Isabelle Gélinas, Mélanie Doutey et Zabou Breitman

    Sortie le 22 avril 2015

     

    Les comédies sur les amitiés masculines ou féminines fleurissent en ce moment, elles deviennent même un peu trop à la mode (quelques-unes à venir prochainement avec encore Daniel Auteuil à l'affiche ...). De ce fait, pour attirer le chaland, il convient nécessairement de renouveler le genre et de multiplier à tout va les idées originales, les angles d'attaque inédits et autres créativités en tous genres.

    Ici, même si le postulat de départ ne manque justement pas d'originalité (un huis-clos qui devient vite pesant), la mise en place des personnages est quelque peu laborieuse ... car, non seulement on nage dans les poncifs et clichés habituels, mais qui plus est on est même à la limite de la caricature ... tous les traits sont terriblement marqués et appuyés ... 

    Pourtant, grâce aux excellents acteurs, peu à peu on se prend de sympathie pour les uns et les autres .... 

    Et puis, lorsqu'ils se trouvent confrontés à la tempête, on se surprend même à avoir peur pour eux, à sursauter à chaque vague qui submerge le bateau ....

    Alors malgré un scénario qui peine à trouver son rythme de croisière et qui a tendance même parfois à se noyer, malgré des dialogues pas si drôles que cela (on esquisse à peine un sourire de temps à autre), malgré un rythme peu effréné, le film n'est pas si mal ... pas assez plein de choses mais pas si mal ... 

    Pas assez drôle donc, pas assez maîtrisée, pas assez dynamique, pas assez rigoureuse même si la mise en scène se révèle plutôt réussie (de très bons effets spéciaux), la comédie stagne un peu ... elle n'est ni vraiment cynique, ni vraiment caustique ... elle manque cruellement de piques et de piquant ... 

    Reste quelques grands numéros d'acteurs (chacun a le droit à SA scène, Zabou Breitman s'avèrant la meilleure ...) et un divertissement disons correct ... avec une fin assez inattendue (et qui a le mérite de rehausser un peu l'ensemble), de très beaux décors (l'on remarque toutefois la différence entre les scènes tournées en studio et celles en milieu naturel), une bien agréable balade en mer et une bande musicale signée Martin Rappeneau, un artiste bourré de talent.

    Mais l'on peut aisément s'en passer, il peut se voir sans souci à la télévision un dimanche soir ...  


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  • Synopsis : Charlie, une jeune fille de 17 ans. L’âge des potes, des émois, des convictions, des passions. Sarah, c’est la nouvelle. Belle, culottée, un parcours, un tempérament. La star immédiate, en somme. Sarah choisit Charlie.

    De Mélanie Laurent avec Joséphine Japy et Lou De Laâge 

    Sortie le 12 novembre 2014 (vu en VOD)

     

    De Mélanie Laurent je suis fan ... dans tout ce qu'elle fait, de tout ce qu'elle est ... actrice, chanteuse, auteur, réalisatrice ... 

    Les adoptés, son premier film, restera pour moi un des grands chocs de l'an 2011 ... 

    Presque trois ans après, jour pour jour, elle nous propose une oeuvre du même acabit : UNE REUSSITE ... 

    On est tout à la fois sous le charme et sous le choc ... 

    Sous le charme d'une image absolument magnifique ... elle est d'ailleurs très souvent "lelouchienne" dans sa texture et sa structure  ... Mélanie Laurent joue énormément avec les focales, les premiers et seconds plans, les champs et contre-champs, les reflets dans les vitres et miroirs, ce qui se passe devant ou derrière ses actrices est tout aussi important ... le vent, le soleil (avec lequel la cinéaste aime jouer), la couleur, le noir ou le blanc, la chaleur ou le froid ... l'on ressent mille sensations rien qu'à travers un seul plan ou un seul regard ... là est l'art et l'intelligence de Mélanie Laurent : elle fait attention aux détails, elle les met tellement en avant qu'ils ne font qu'exacerber le propos essentiel ... voire l'essence même du propos.

    Sous le charme de la réalisation donc, minutieuse, rigoureuse, attentive et attentiste, car parfois le temps semble se suspendre et s'immobiliser pour laisser libre cours aux acteurs qui partent, par instants, dans des élans d'improvisation ... tout à la fois extrêmement bien dirigés et libres dans l'expression de leurs errements / errances ... 

    Sous le charme d'un scénario impeccablement écrit, d'une densité et d'une richesse rares, abouti, créatif, juste, sensible ... 

    Sous le charme d'un duo de comédiennes absolument sublimes ... prises ensemble ou séparément ... chacune est le pendant de l'autre ... à deux elles sont fortes, seules elles sont faibles ... mais l'une va finir par prendre la domination ... 

    Sous le charme de l'oeuvre dans sa globalité, en fait ... débutant par une simple amitié légère et primesautière, se terminant comme un drame angoissant, toxique et anxiogène, de ceux qui vous tordent le ventre et serrent la gorge.

    Plus le film avance, plus on pénètre corps et âme dans l'amitié étrange et dérangeante qui s'est nouée les deux jeunes filles jusqu'à en être abasourdi d'empathie tantôt pour l'une tantôt pour l'autre.

    Le dernier quart d'heure vous capte et captive, jusqu'à cette image ultime qui vous scie les jambes, saisissante, glaçante ... nous aussi on a du mal à respirer alors ...

    Sous le choc de cette fin brutale et fascinante.

    MAGISTRAL ET BRILLANT 

    Je suis fan de Mélanie Laurent ... 


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  • Synopsis : La relation entre un arnaqueur professionnel et une apprentie criminelle vient perturber les affaires de chacun, quand ils se recroisent quelques années après leur première rencontre.

    De Glenn Ficarra et John Requa avec Will Smith et Margot Robbie

    Sortie le 25 mars 2015

     

    Il est étrange qu'un film soit aussi radicalement divergent dans ses deux parties distinctes.

    Très attirée par l'affiche et le pitch qui promettaient des étincelles, j'ai été au final très déçue ... 

    Car, malheureusement, après une première heure très réussie qui se clôture de bien belle façon avec un au revoir émouvant et une fin de voyage au sein d'une Nouvelle Orléans très colorée, on embarque dans un vol direct pour Buenos Aires et là .... c'est le désastre.

    On s'est imperceptiblement attaché à ces personnages bigrement sympathiques, cette fille sublime qui n'a nul conscience de son atout charme, ce type qui lui apprend les rudiments du métier ... la légèreté, l'humour ... tout est alors habile : tant les acteurs qui délivrent une performance dans l'art du vol de rue que le réalisateur qui multiplie les prouesses avec ses caméras pour mettre chaque image et chaque plan en valeur.

    En fait, le film aurait très bien pu s'arrêter à la fin de cette première partie, il aurait suffit de l'étoffer un peu ... 

    Parce que, hélas, la seconde partie s'avère laborieuse, le scénario s'enlise, les acteurs n'y croient plus, ils veulent en faire toujours plus pour gagner plus, mais ils s'engluent dans une intrigue inextricable qui se complexifie de minute en minute ... l'intrigue sentimentale venant embrouiller tout ça et n'ajoutant pas forcément une plus-value au film.

    On plonge inévitablement vers ce que l'on en attendait, pas plus, pas moins, vers quelque chose de fort prévisible, vu et revu mille fois ...

    L'histoire du "qui piège qui" nous lasse ... 

    Reste que les acteurs sauvent haut la main le tout par une brillante prestation ... De Will Smith nous n'en sommes pas étonnés, toujours très à l'aise dans ce genre de rôles où il manipule l'humour et la séduction avec brio ... De Margot Robbie, débutante qui s'affirme, nous ne pouvons qu'être sous le charme, elle est LA révélation du film, incontestablement ... plastique irréprochable, joli minois, blondeur hitchcockienne ... 

    Mais le scénario par trop conventionnel qui accumule les invraisemblances et les poncifs, la réalisation qui peu à peu perd de sa superbe et de son inventivité font que la magie n'opère pas.

    Le film était, sur le papier, audacieux et ambitieux mais il manque singulièrement de suspense, d'ampleur et d'un vrai final explosif et percutant.

    Dommage ... 

    En résumé, lorsque vous voyez à l'écran "Buenos Aires Trois ans plus tard" vous pouvez quitter la salle !!


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  • Synopsis : Mathieu, 25 ans, aspire depuis toujours à devenir un auteur reconnu. Un rêve qui lui semble inaccessible car malgré tous ses efforts, il n’a jamais réussi à être édité. En attendant, il gagne sa vie en travaillant chez son oncle qui dirige une société de déménagement… Son destin bascule le jour où il tombe par hasard sur le manuscrit d’un vieil homme solitaire qui vient de décéder. Mathieu hésite avant finalement de s’en emparer, et de signer le texte de son nom... Il devient alors le nouvel espoir le plus en vue de la littérature française, et l’attente autour de son second roman devient chaque jour plus pressante ... 

    De Yann Gozlan avec Pierre Niney et Ana Girardot 

    Sortie le 18 mars 2015

    Attirée essentiellement par le nom de Pierre Niney à l'affiche qui peut désormais porter un film sur ses seules épaules devenues solides et césarisées, je me suis installée en salle sans trop savoir quel type de film j'allais voir ... les quelques lignes du pitch me faisaient irrésistiblement penser au magnifique The Words (avec Bradley Cooper) trop injustement passé inaperçu en France (vu en streaming).

    Je craignais donc une sorte de remake et, par là même, une déception ... 

    Mais alors là, non seulement je n'ai pas du tout été déçue mais, a contrario, je me suis pris une grande claque cinématographique comme je m'en prends rarement et comme j'aimerais m'en prendre plus souvent.

    Yann Gozlan, dont j'avais déjà remarqué le talent réalistique sur son précédent film Captifs, est un orfèvre en la matière, ciselant avec une précision et une rigueur exemplaires son oeuvre magistrale qui s'avère être un diamant brut.

    Brut car assez violent dans son approche et sa construction, dans son déroulement anxiogène, son intrigue qui prend de l'épaisseur de scène en scène, de plan en plan ... l'atmosphère en devient oppressante tandis que le soleil est de plus en plus présent à l'image ... 

    C'est là que le cinéaste montre et démontre ses influences puisées dans le culte Plein soleil ou encore La piscine etc.

    Il est vrai que l'on sent l'inspiration (assumée) dans ses façons de filmer, de lier et délier son histoire, de placer judicieusement les tensions émotionnelles et psychologiques aux bons moments, de prendre le spectateur en otage dans la toile d'araignée qui se tisse autour de son héros pris à son propre piège.

    S'appuyant sur un scénario solide et maîtrisé, diablement bien ficelé, dont l'écriture est d'une densité rare, nette et carrée, et les dialogues directs et profonds, Yann Gozlan nous délivre un grand film qui peut s'inscrire tout naturellement dans la continuité de ses célèbres prédécesseurs du genre ...

    Et l'idée de génie du cinéaste est d'avoir confié le premier rôle à Pierre Niney absolument prodigieux ... l'on sait déjà qu'il est un immense acteur (il ne m'a encore pas déçue - d'ailleurs il faudrait que je vois son Yves Saint Laurent ...) mais il prouve ici qu'il n'est pas que cela ... il sait comme personne rendre un personnage particulièrement antipathique, calculateur, machiavélique et glaçant alors que lui dégage un tel charme, un charisme fascinant, qu'il a une classe folle et un regard ensorcelant auquel il est difficile de résister ...

    Tout comme la réalisation, il est ici singulièrement ambivalent, oscillant sans cesse entre son rôle de séducteur et d'enjôleur et celui, plus dur et incisif, du menteur invétéré qui va mettre le doigt dans un terrible engrenage ... une spirale infernale qui va l'entraîner loin dans l'enfer duquel il ne ressortira pas indemne (la fin fait mal au coeur et ce n'est qu'à l'ultime image que l'on ressent de la peine pour lui ...).

    Au-delà du thriller pur que Yann Gozlan maîtrise totalement, le film s'axe aussi sur la quête de l'identité, la recherche de la reconnaissance voire du bonheur absolu ... mais à quel prix ? son héros va tout mettre en péril, stimulé par la crainte d'être démasqué, pour sauvegarder le peu qu'il a réussi à acquérir, à voler ...

    Le cinéaste s'amuse à jouer avec nos nerfs, alternant les scènes sombres, obscures et intenses avec d'autres où la lumière du soleil est parfois aveuglante, comme une métaphore de son oeuvre qui trouve ainsi des résonances qui peuvent s'appréhender par paliers, degrés et plusieurs lectures ...    

    Et même si Pierre Niney éclabousse tout de son talent monstre, déployant une large palette de nuances irisées, il ne faut pas oublier Ana Girardot qui est tout aussi excellente ainsi que l'ensemble des seconds rôles, Marc Barbé en tête ... 

    La morale que l'on pourrait en tirer, c'est que "bien mal acquis ne profite jamais" ... 

    Voici du grand, du très grand cinéma ... on en ressort profondément troublé, avec un certain malaise qui vous tord le ventre (qui se crispe dès le début d'ailleurs).

    En tout cas, je suis restée scotchée au fauteuil un moment, le temps du générique entier, avant d'être quasiment expulsée de la salle par le personnel !

    A ne manquer sous aucun prétexte ... 


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  • Synopsis : À Brooklyn, Jimmy Conlon, mafieux et tueur à gages qu'on surnommait autrefois le Fossoyeur, n'est pas au mieux de sa forme. Ami de longue date du caïd Shawn Maguire, Jimmy, qui a aujourd'hui 55 ans, est hanté par ses crimes – et traqué par un inspecteur de police qui, depuis 30 ans, n'a jamais renoncé à l'appréhender. Et ces derniers temps, il semble que le whisky soit le seul réconfort de Jimmy. Mais lorsqu'il apprend que sa prochaine mission consiste à éliminer Mike, son fils qu'il n'a pas revu depuis des années, Jimmy doit choisir entre la "famille" mafieuse qu'il s'est construite et la vraie famille qu'il a abandonnée il y a bien longtemps. Tandis que Mike est en cavale, Jimmy comprend que pour racheter ses fautes passées, il lui faut sans doute protéger son fils du sort funeste qui l'attend lui-même désormais… Alors qu'il n'est plus en sécurité nulle part, Jimmy ne dispose que d'une seule nuit pour résoudre son conflit de loyautés et s'amender enfin.

    De Jaume Collet-Serra avec Liam Neeson, Joel Kinnaman et Ed Harris

    Sorti le 11 mars 2015

    Avertissement

    Le premier quart d'heure s'avère quelque peu laborieux dans la mise en place de l'intrigue et des personnages, nous présentant un Liam Neeson alcoolique, paumé et pas très sympathique ... un homme plein de ressentiments et de regrets ... même si le premier plan nous annonce la couleur, le reste étant un long flashback, on a du mal à s'attacher et à accrocher.

    Et puis soudain, un déclic, tout s'accélère, la mayonnaise monte et prend ... et nous voilà pris au piège ... 

    Car l'heure trois quart qui va suivre vous saisit de part en part, de la tête aux pieds ... 

    Déjà grâce à la réalisation grandiose ... Jaume Collet-Serra nous a déjà habitué à nous dévoiler des idées innovantes dans ses prises de vue et ses mouvements de caméra (Sans identité ou Non stop avec encore et toujours Liam Neeson, son acteur fétiche, qui trouve, grâce à ce cinéaste, des rôles dans la logique continuité de son Bryan Mills de Taken, homme de nerf et d'action ...).

    Des courses poursuites à pied ou en voiture époustouflantes, un suspense bien tenu, une action soutenue, des rebondissements qui tombent à point nommé, des combats à mains nues remarquablement filmés, des séquences entières qui vous tiennent en haleine, aux images particulièrement soignées et à l'ambiance oppressante (la fin est une grande réussite).

    Même si Liam Neeson a désormais trouvé un type de rôles qui lui vont à ravir et dans lesquels il se glisse comme dans un gant et qui lui collent à la peau, prenant ainsi finalement peu de risques mais étant toujours autant convaincant car charismatique, investi et impliqué (sans omettre toutefois quelques scènes marquantes où il délivre un jeu plein de nuances le rendant ainsi touchant, émouvant), le jeune Joel Kinnaman est une révélation qui pourrait bien s'inscrire dans la relève ... 

    Non seulement il est beau comme un coeur mais aussi il a du style et de la classe, à l'instar de son partenaire.

    Et au final ce film, qui sonne comme la rédemption d'un homme tourmenté, est captivant et d'une redoutable efficacité tant dans son écriture (un scénario implacable et sans fioriture ni rien de superflu, pas forcément transcendant outre mesure ni d'une originalité folle mais qui tient bien la route) que dans sa réalisation (grandiose voire monumentale par moments, nette, précise et limpide), sa bande son fabuleuse, et l'interprétation des acteurs principaux (l'on n'oubliera pas le toujours excellent Ed Harris à l'oeil d'acier ni Vincent d'Onofrio à la carrure impressionnante).

    Une très bonne (très très bonne) surprise ... on est loin du chef d'oeuvre du siècle, il faut tout de même relativiser, mais un vrai bon divertissement prenant, musclé et dynamique (dynamité ...) dont la morale et/ou moralité sont saines et sauves !

    Bref, après avoir mis la semaine passée Neill Blomkamp dans ma liste noire, je mets Jaume Collet-Serra dans ma liste "à suivre" ... même si j'apprécierais qu'il passe aussi à autre chose ... 

    Mais Night Run est de ces films qu'on adore sans trop oser l'avouer ... 


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